AMBYSTOMA MACRODACTYLUM
De nombreuses photos sur Google.
Habitat Naturel
Ambystoma macrodactylum est une petite salamandre habitant l'Ouest de l'Amérique du Nord, depuis le sud est de l’Alaska jusqu’au nord de la Californie (du nord au sud), et depuis la côte pacifique jusqu’à l’ouest du Montana (d'ouest en est).
Le nom d'espèce vient de la longueur des doigts.
Plus petit qu'Ambystoma tigrinum, son proche cousin, Ambystoma macrodactylum mesure de 10 à 17 cm.
D'après le "guide des batraciens de l'Amérique du Nord" (éditions Marcel Broquet), il existerait 5 sous-espèces :
- A.m. macrodactylum (ligne dorsale jaune ou verte aux bords mal définis, surtout sur la tête, cotés avec des points blancs).
- A.m. columbianum (ligne de couleur brun roux à jaune, bien définie, et formant de grandes taches sur la tête).
- A.m. krausei (ligne jaune-verdatre le long du dos à partir du museau, régulière sur la tête).
- A.m. sigillatum (ligne brisée en taches irrégulières voyantes, souvent jaunes, de la tête à la queue).
- A.m. croceum (ligne brisée en taches irrégulières voyantes, oranges ou jaunes, de la tête à la queue).
La couleur du dos (hors la ligne colorée) varie du gris foncé au noir. La face ventrale est grise à noire.
A noter que certains auteurs ne reconnaissent que 3 sous-espèces.
Au-delà de ces classifications, il existe des formes intermédiaires entre sous-espèces, dans les zones de contact entre les régions. La limite entre les sous-espèces n'est donc pas toujours nette.
Cette espèce n'a pas de tendance néoténique, contrairement
à Ambystoma tigrinum, et plus encore
à Ambystoma mexicanum. Rappelons que la
néoténie consiste pour les jeunes à garder des caractères
physiques considérés comme juvéniles (et donc normalement
perdus à l'âge adulte) toute leur vie. Dans le leur cas de
certains Ambystoma, il s'agit des branchies conservées même
à l'age adulte.
Ambystoma macrodactylum, lui, perd systématiquement ses branchies après le stade larvaire.
Les Ambystoma macrodactylum sont donc des animaux essentiellement terrestres, mais qui ont besoin d'une forte humidité. Ils restent généralement proches de l'eau. Ils occupent des habitats variés, depuis les landes de plaine et les forêts de résineux, jusqu’aux prairies de montagne. Du niveau de la mer jusqu’à 2700 m. Ces animaux y vivent dans le sol, sous les écorces, les pierres, les tas de bois mort, dans des terriers abandonnés.
C'est un animal nocturne, à tendances nettement fouisseuses, qui aime se cacher dans des terriers.
La sous-espèce A.m. croceum est un animal considéré
comme en voie de disparition dans la nature.
Les autres sous espèces sont relativement abondantes dans toute leur
aire de répartition, mais les zones humides de reproduction ont été
détruites dans beaucoup de régions urbanisées et agricoles
de la côte pacifique. Et des populations d'altitudes ont été
fortement réduites suite à l'introduction de poissons dans des
lacs de montagne.
L'approvisionnement des amateurs à partir de souches captives apparaît donc comme un élément de préservation de l'espèce et de ses sous-espèces.
Dans la mesure du possible, essayez de respecter les sous-espèces (pas de mélanges intempestifs). La définition des sous-espèces n'étant pas toujours très claire, on peut aussi se baser sur l'origine géographique quand celle-ci est connue, ce qui n'est hélas pas souvent le cas.
Terrarium
Une photo de mon aquaterrarium pour Ambystoma macrodactylum.Voir aussi une autre photo de terrarium (pour Ambystoma tigrinum, mais le principe est le même), de Axolotlman.
La salamandre macrodactyle ou à grands doigts ("long-toed salamander") s'adapte bien à la captivité, pourvus que ses besoins soient satisfaits.
Les animaux ne sont pas agressifs les uns envers les autres.
Les Ambystomas peuvent s'installer au choix dans un terrarium humide ou mieux, dans un aquaterrarium à dominante terrestre.
Les Ambystomas, de petites tailles, se contentent de terrariums relativement petits : un bac de 60 cm X 30 (largeur) X 20 cm de hauteur est cependant un minimum pour 5 animaux.
Si une partie aquatique est installée (ce qui est préférable), elle ne devra pas dépasser 1/3 du terrarium. La réduction de la taille de la partie terrestre doit entraîner une augmentation de la taille du terrarium, ou une réduction du nombre d'individus maintenus.
L'humidité étant importante pour ces animaux, il convient d'humidifier régulièrement le terrarium (pulvérisateur pour plante d'appartement, par exemple - voir éventuellement l'article sur les dendrobates). Un aquaterrarium, étant plus humide, nécessitera moins d'arrosages.
Un couvercle est indispensable pour éviter les évasions. Mais il faut se rappeler qu'une bonne aération est fondamentale pour la bonne santé des animaux, et que le couvercle doit donc être plutôt grillagé. En effet, l'humidité d'un tel aquaterrarium ou terrarium est forte. A défaut d'aération, tout sera toujours humide, et les vitres toujours embuées. Un bon système consiste à couper 4 tasseaux de 3 ou 4 cm de section, et de les coller à la colle à bois aux dimensions du bac. Il ne reste plus qu'à tendre ce cadre avec un grillage à petits trous.
Le substrat peut être en terre (sans engrais, attention). On peut planter des plantes de pays tempérés : mousses de nos forêts, lierres, ficus pumila.... On doit aménager des cachettes pour les animaux : racines, grottes, amas de plantes, pierres plates proches de l’eau pour que les animaux se cachent dessous, écorces et bois en décomposition sous et sur la mousse (permettant alors deux abris à hygrométries différentes).
Isoler le substrat de la partie aquatique par une plaque de verre collée permet de mieux contrôler l'humidité de la partie terrestre. Il est conseillé de mettre un drain au fond de celle-ci, sous la terre : 2-3 cm de gravier, de pouzzolane, ou mieux de billes d'argiles expansées (plus légères) feront l'affaire. Certains conseillent de mettre de la terre de bruyère, plus acide que du terreau, afin de freiner le développement d'éventuels champignons. C'est une précaution qui ne coûte rien, sauf peut-être une mauvaise pousse des plantes (la terre de bruyère est très acide). On peut aussi envisager de n'en mettre qu'une couche superficielle (pour protéger contre les champignons), et de placer du vrai terreau en dessous (pour les plantes).
Les plantes de la partie aquatique seront des plantes d'eau froides (en magasin d'aquariophilie ou en étangs) comme des élodées.
Certaines partie du terrarium, lequel est globalement humide, doivent être un peu plus sèches (sans excès). Humidité importante au niveau de l’eau et moindre en hauteur, sur la mousse.
Eclairage
Les Ambystomas sont des animaux plutôt nocturnes (vivant la nuit). On peut donc ne pas éclairer. Si on éclaire (pour des plantes, par exemple), il faut ménager des cachettes plus sombres pour les animaux.
L’éclairage naturel, exclusif ou en complément, est le meilleur. Pas de soleil direct, mais proximité d’une fenêtre bien orientée.
L'éclairage doit varier en suivant les variations naturelles des régions tempérées : 8 H l'hiver, 13-14H l'été.
Température
Compte tenu de leur habitat (voir plus haut), les Ambystoma supportent des gammes de températures assez variées. La température du terrarium peut donc rester à la température ambiante de la pièce, soit entre 15 et 24°. Aucun chauffage n'est nécessaire. Evitez les grosses chaleur, à partir de 25°.
Si la température descend vers 5°, les Ambystomas hibernent
dans un terrier. Ils cessent de se nourrir et presque de bouger. L'hibernation
est nécessaire pour la reproduction.
Evitez le gel ou les températures trop basses. En effet, dans la
nature, Ambystoma macrodactylum a été détectée
à des profondeurs de 50 à 70 cm sous terre, ou la température
ne descends pas au dessous de 2°c.
L'idéal est de laisser le terrarium toute l'année dans une pièce froide, isolant des fortes chaleurs l’été et abritant du gel l’hiver. Un emplacement à l’extérieur exposé au nord est également très bon (grâce à la variation des températures jour/nuit ; il faut alors impérativement abriter du soleil direct l’été (prévoir un « toit ») et du gel l’hiver (soit en entourant le terrarium de matière isolante, soit en le rentrant dans une pièce froide.)
Nourriture
Tout ce qui est carné et qui est à la taille de la bouche sera accepté : cloportes, vers de terre (laissez prospérer des colonies dans le terrarium), grillons, limaces, mouches, tebos, vers de farine, araignées...
Les insectes peuvent se trouver dans son jardin (mieux vaut alors les laver s'il y a des risques de pesticides), en animalerie, en magasins de pêche.
Attention, les Ambystoma sont tous de gros mangeurs.
Reproduction
Ces animaux se reproduisent régulièrement en captivité. Par contre, on constate une mortalité forte des animaux à tous les âges. C'est une espèce qui, de plus, vit assez peu de temps, entre 6 et 7 ans généralement ( maxi 10 ans). La maturité sexuelle n'étant atteinte qu'entre 2 et 5 ans (généralement 3 ans), cela laisse peu d'années pour perpétuer l'espèce. Si on veut maintenir à long terme des populations captives, il faut des reproductions régulières pour renouveler les individus. Evitez la consanguinité.
La femelle adulte est plus ronde que le mâle. Les mâles ont les membres et la queue proportionnellement plus longs que ceux des femelles.
C'est une espèce se rendant à l’eau pour la reproduction : la migration vers les lieux de ponte se déclenche dès la fin de l’hiver (parfois dès octobre ou novembre en plaine). Dans les régions très froides, comme en altitude, cette migration se déclenchera seulement en fin de printemps, après la fonte des neiges, dès que la température dépasse 0°c.
Elles ont été vue actives près et dans l'eau à des températures dès 4°c, et se reproduisent à 11°c.
Comme vu au chapitre température, une hibernation vers 5° entre
novembre et février est nécessaire pour avoir une reproduction.
Le glissement de la température d'été vers la température
d'hiver, puis la remontée printanière doivent se faire pas
trop brutalement.
La variation de la période de lumière entre 8H l'hiver et
13-14H l'été est également nécessaire.
A noter que chez d'autres espèces, un choc thermique est souvent déclencheur de la reproduction. Ainsi, par exemple, transférer les animaux dans un aquarium dehors, au printemps, avec des montées de températures dans la journées plus importantes qu'en intérieur, peut être essayé avec des chances de succès.
En règle générale, le facteur déclenchant
pour la reproduction est principalement l’arrivée d’une période
de pluie. Vous pouvez essayer de reproduire celle-ci en terrarium par des
arrosages plus abondants, avec une eau pas trop froide.
Une bonne technique consiste à augmenter le niveau de l’eau en fin
d’hiver quand les températures remontent et que les animaux redeviennent
actifs. De fréquents changements d’eau déclenchent les accouplements
puis les pontes.
Les mâles arrivent les 1er sur les lieux de ponte et y restent plus longtemps que les femelles (1 mois, contre 20 jours seulement pour ces dernières). Les lieux de ponte sont des points d’eau saisonniers ou permanents, des lacs voire plus rarement les parties calmes des cours d’eau.
Les mâles sont également plus nombreux que les femelle dans les lieux de reproduction. Le sex-ratio y est de 1,7 mâle pour 1 femelle. En terrarium, un ratio de 50% de mâles ne pose aucun problème.
L'accouplement à lieu dans l'eau, avec dépôt de spermatophore (de petits cônes de gelée contenant le sperme) par le mâle. La femelle vient appliquer son orifice cloacal sur certains de ces cônes, et féconde ses oeufs. Elle commence à déposer ses oeufs quelques jours après, un par un ou en petits paquets, sur la végétation, sur des débris, sur des cailloux ou même directement sur le fond. Chaque femelle pond une centaine d'oeufs, qui mettent 2 à 5 semaines à éclore en fonction de la température. La métamorphose des larves (perte des branchies et acquisition des poumons) à lieu généralement 3 à 4 mois après l'éclosion, à la taille de 60 à 90 mm.
Attention au cannibalisme. Les jeunes doivent être séparés des parents, et placés dans un aquarium. Même les jeunes de tailles différentes doivent être séparés.
A la naissance, la seule nourriture acceptée est une nourriture vivante de très petite taille : plancton de mare, nauplies d'artémia (voir leur élevage sur la partie "nourritures vivantes" de la FAQ aquariophile).
Une solution simple trouvée pour les axolotls (Ambystoma mexicanum) dans une ancienne mailling-liste terrariophile consisterait à placer un petit aquarium ou un seau à l'extérieur, une ou deux semaine avant la naissance des têtards. Ce récipient doit contenir des plantes aquatiques, éventuellement un substrat. On peut l'ensemencer avec de l'eau d'une mare, mais ce n'est pas indispensable. Une micro-faune s'y développe. Les larves à peine écloses sont placées dans ce bac, et y trouvent naturellement leur nourriture. Attention, plus elles grandissent, moins elles trouveront de la nourriture.
A partir de 2 cm, les larves peuvent être nourries avec de la nourriture vivante plus grosse (daphnies, artémias grossis), voire avec de la nourriture congelée finement hachée (tubifex, viande, moules).
Après 3-4 mois, les larves perdent leurs branchies, et se métamorphosent. Placer une plaque de liège, une pierre qui émerge, etc... est souhaitable, pour réduire les risques de noyade au moment de la perte des branchies. Les jeunes sont alors transférés vers un aquaterrarium ou un terrarium.
La maturité sexuelle est atteinte lorsque les animaux atteignent entre 8 et 10 cm, et 2 à 5 ans.
Maladies
Je n'ai pas d'info dans ce domaine. Voir cependant le chapitre plus général sur les maladies, et en particulier la partie sur les parasites.
Liens
- Description des sous espèces et belle carte de répartition
- La page consacrée à A macrodactylum sur les site Amphibia Web de l'université de Berkeley
Bibliographie :
- Salamanders of the United States and Canada, James W. Petranka, 1998
- Status of the Long-toed Salamander(Ambystoma macrodactylum) in Alberta. Karen L.Graham & G. Laurence Powell, Alberta Wildlife Status Report No 22 - Juillet 1999.
Personnes élevant des Ambystomas
- Arnaud Jamin (Francophone).
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