DENDROBATES SP

Auteur: Christophe Cagé

Les 2 premières photos ont été mises à ma disposition par Ludovic Didier.
Merci à Stéphane et à Charly Merminod pour leurs nombreux apports.

Cette fiche de maintenance est un peu particulière. Je n'y parle en effet pas d'une espèce, mais d'un groupe d'espèces, dont la maintenance, la biologie et l'apparence sont apparentées.

Voir aussi articles connexes :

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Plusieures formes de D auratus

 
Cliquez sur les photos ci-dessous pour les agrandir.

Une belle photo de D.Azureus, par John WHITE (site CalPhoto)

D'autres morphes de
D.auratus.

Phyllobates terribilis, le plus vénéneux et le plus dangereux de tous les dendrobatidés. Merci à Patrick Steinberger pour cette photo (il en a beaucoup d'autres, de toutes espèces de batraciens).

Phyllobates vittatus

Une auratus Bleu, dans 1 de mes terrariums

Une auratus Bleu, dans 1 de mes terrariums

3 de mes auratus Vertes du Panama

Une leucomélas, dans 1 de mes terrariums

Une azureus, dans 1 de mes terrariums

Une autre azureus, dans 1 de mes terrariums

Une de mes Epipedobates tricolor, morphe rouge
 

Habitat Naturel

La famille des dendrobatidés compte plusieurs genres, regroupant chacun plusieures espèces. Les genres concernés sont Dendrobates, Phyllobates, Aromobates, Epipedobates, Colosthethus, Minyobates.

Les Anglo-Saxons regroupent les espèces de ces différents genres sous le nom de poison frogs, ou poison dart frogs. Ce nom populaire vient de la réputation toxique des ces petites grenouilles, que certaines tribus indiennes utiliseraient pour enduire de poison la pointe de leurs flèches (dart).

En pratique, seules 3 espèces de Phyllobates, dont Phyllobates terribilis, sont réellement dangereuses dans la nature. Les autres espèces provoques simplement des réactions d'irritations, surtout si le poison qu'elles sécrètent entre en contacte avec les muqueuses.
Quand aux animaux du commerce, même les phyllobates, ils ne sont normalement pas dangereux. En effet, en captivité, ces grenouilles perdent l'essentiel de leur toxicité. C'est encore plus vrai pour les animaux nés en captivité.
La théorie ancienne et dominante (mais longtemps pas vraiment prouvée) voulait que leur poison soit d'origine exogène, c'est à dire produit hors de leur corps. Il viendrait d'insectes eux-mêmes toxiques, dont ils se nourrissent. Personne ne faisant encore l'élevage de tels insectes pour nourrir ses pensionnaires, ceux-ci perdent donc assez vite leur toxicité.
Début 2004, des travaux ont été publiés indiquant que la réalité est un petit peu plus complexe : les grenouilles ont effectivement besoin de se procurer les alcaloïdes de base pour leur poison dans les insectes qu'elles chassent. Mais elles n'utilisent pas tous les alcaloïdes ainsi collectés tels quels. Une équipe de chercheurs américains, menée par John Cover, de l'Aquarium National de Baltimore (Etats-Unis), a réussi à montrer chez des Dendrobates la présence d'une hydroxylase capable de transformer un alcaloïde donné en un composé cinq fois plus dangereux. Article.
Il peut être prudent de se renseigner sur l'origine (sauvage ou captive) des animaux achetés.
Mieux vaut également se laver les mains rapidement après avoir touché ces grenouilles.

Ces petites grenouilles font 2 à 6 cm (en moyenne 4 cm), et sont très colorées. Ces couleurs, loin d'être un camouflage, sont un signal leur permettant d'être repérées par les prédateurs. Ceux-ci connaissent leur goût affreux, voire leur dangerosité, et les évitent donc.

Les Dendrobatidés vivent dans les forêts pluviales d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud. Ils vivent surtout au niveau du sol. Certaines espèces ont un tempérament de grimpeuses, et montent volontiers sur les arbres. Mais à l'exception de quelques espèces, les Dendrobatidés ne sont pas véritablement des arboricoles.

Les espèces dont il sera question ci-dessous sont les plus fréquemment rencontrées dans le commerce (ce qui est d'ailleurs très relatif). Les autres espèces n'ont d'ailleurs pas forcément des conditions de maintenance très différentes.

Ces espèces vivent en plaine ou à basse altitude.

Les principales espèces qu'on trouvent en captivité.

Terrarium

Les Dendrobates peuvent parfaitement vivre en groupe dans un terrarium. Mais il est prudent de ne pas mélanger les espèces. Certains le font cependant, avec des résultats parfois satisfaisant. Mais il y a toujours un risque. En effet, la plupart de ces batraciens, même en captivité, restent toujours un peu vénéneux, et ils s'empoisonnent entre eux. La toxicité des Dendrobates est plus faible en terrarium, et les espèces proches ont sans doute des poisons proches, mais restons prudents.

Malgré leur petite taille, les Dendrobates doivent avoir un minimum d'espace. Un terrarium comme le mien (80 cm X 50 cm X 50 cm) peut contenir 4 à 6 animaux.

Les cachettes sont quelques chose d'important. Ces animaux doivent pouvoir se cacher en cas de peur, mais aussi pouvoir s'isoler les un des autres. Les mâles, en particulier, peuvent être assez territoriaux et bagarreurs. Des espaces très plantés, avec de nombreuses cachettes, mais aussi des espaces dégagés, pour faciliter la chasse des proies, sont très souhaitables.

Bien que n'étant pas vraiment arboricoles, on a vu que les Dendrobates habitaient la forêt pluviale, et appréciait de pouvoir grimper sur les plantes. Beaucoup apprécient donc une position élevée. Offrez leurs des souches, des fougères, des plantes grimpantes. Certaines espèces sont plus grimpeuses que d'autres. Voir l'article de stéphane.

Il y a 2 écoles pour le substrat de la partie terrestre :

Pour éviter que la terre soit détrempée il est conseillé de mettre un drain au fonds de la partie terrestre, en dessous de la terre : 3 cm de graviers, de pouzzolane, ou mieux de boules d'argiles expansées, très légères (en jardinerie), feront l'affaire.

Certains conseils de mettre de la terre de bruyère, plus acide que du terreau, afin de freiner le développement d'éventuels champignons. Je ne le fais pas, et je n'ai jamais eu de problème. Mais c'est une précaution qui ne coûte rien. Attention cependant en cas de plantations. Un sol acide n'accueille pas n'importe quelles plantes.

Je préfère nettement la méthode du substrat naturelle, beaucoup plus esthétique, et qui ne m'a jamais posé de problèmes sanitaires.

Une stérilisation micro-onde du substrat est parfois recommandée. Je ne la pratique pas, et l'apport de plantes "recontamine" le substrat. Mais cela peut par contre éliminer des bestioles indésirables.

La méthode naturelle a un autre avantage. Les plantes « suent » de l'eau, et participent donc de la maintenance d'un taux d'humidité élevé dans le terrarium. Ces animaux viennent en effet de la forêt pluviale, et nécessitent une humidité élevée, proche de 90%-100%. Pour s'en assurer, il est très souhaitable de prévoir un hygromètre, qui donne l'humidité de l'air.
Rappelons ce que signifie le pourcentage d'humidité : Plus l'air est chaud, plus celui-ci peu contenir de l'eau sous forme de gaz (la vapeur d'eau). Le pourcentage signifie que l'air a absorbé 80%, ou 90%, ou 100% de la vapeur d'eau qu'il peut théoriquement contenir compte tenu de sa température.
Un taux de 100% implique une certaine tendance à la condensation : les vitres sont en générale plus froide, et l'air qui est à leur contacte devient ainsi plus froid. Il peut donc contenir moins d'eau, et relâche une partie de la vapeur d'eau qu'il contient, sous forme de gouttelettes : c'est la condensation.
Il y a deux façons de réduire la condensation, laquelle  n'améliore pas l'esthétique du terrarium et son hygiène :

A noter que les éleveurs insistent tous sur la nécessité d'une bonne aération pour la bonne santé des animaux.

Techniques pour maintenir un taux d'humidité élevé :

La cascade :
On recouvre la vitre arrière du terrarium avec un décor en résine, en ardoises collées au silicone, etc... On installe un tuyau de PVC (qualité alimentaire) percé de petits trous, pour rejeter de l'eau sur le haut de la cascade. Ces tuyaux se trouvent déjà percés en magasin d'aquariophilie. On peut aussi les acheter dans un magasin de bricolage (rayon sanitaire), et les percer avec une perceuse (forêts de taille minimale : 2 mlm).
L'eau est amenée par un tuyau depuis un réservoir ou se trouve une pompe aquariophile.
Le réservoir peut-être :

La pulvérisation automatique :
Le principe est le même, mais l'eau ne coule pas sur la vitre arrière. Elle retombe en pluie fine (pas en permanence, il faut relier la pompe à une minuterie marche-arrêt, pour quelques minutes de pluie quotidiennes, en particulier pour stimuler la reproduction). La distribution d'eau se fait sur le couvercle, par des tuyaux percés, ou des plaques de plastique percées comme un tamis ou l'eau est d'abord envoyée, et dont elle s'écoule en goutte. Il faut alors un double fond au bac, pour recueillir l'eau et la re-pomper. On peut aussi faire un petit trou tout en bas, par ou l'eau s 'écoulera vers un réservoir extérieur (ou se trouvera alors la pompe).
Un truc donné par Stéphane :

"Pour la pulvérisation, je me suis bricolé quelque chose avec des pompes de laves glaces de voiture (pour la pression - fonctionne en 12 volts) et des buses de bouteille aérosol, branchées sur un minuteur. C'est assez efficace et relativement peu cher".

On trouve aussi dans le commerce terrariophile des brumisateurs très efficaces, mais assez coûteux.

La pulvérisation manuelle :
Pulvériser une à 2 fois par jour le terrarium avec un pulvérisateur pour plante d'appartement.

Personnellement, j'utilise dans un de mes terrariums une cascade (du plus bel effet, en ardoise recouverte de mousse de java dans laquelle s'accrochent des anubias nana et des Hydrocotyles), avec un arrosage des plantes tout les 15 jours. Dans les 3 autres, je me contente d'un abondant arrosage chaque semaine.


Le terrarium des Dendrobates n'est pas un aquaterrarium. Mais au moins un petit bassin est utile. Les Dendrobates s'y baignent assez souvent.
Les bassins en terrarium de Dendrobates ne doivent pas être très grands ni très profonds : les Dendrobates ne sont pas de bons nageurs, n'ont pas besoin d'eau libre, et risqueraient même de se noyer (la chose est rapportée, mais j'ai des doutes). Même si on peut parfaitement mettre une eau ou elles n'ont pas pied (si celle-ci n'est pas trop étendue et si les animaux peuvent en sortir facilement), on court encore moins de risque en ne mettant qu'un cm d'eau.

Le couvercle du terrarium est indispensable. On a en effet vu que ces grenouilles sont de bonnes grimpeuses. Elles ont d'ailleurs des disques adhésifs au bout des doigts.
Il est préférable que le couvercle soit grillagé. En effet, l'humidité d'un tel terrarium  est très forte. A défaut d'aération, tout sera toujours humide, et les vitres toujours embuées. Un bon système consiste à couper 4 tasseaux de 3 ou 4 cm de section, et de les coller à la colle à bois aux dimensions du bac. Il ne reste plus qu'a tendre ce cadre avec un grillage à petits trous (moustiquaire).
En fait, seule la partie du grillage directement au dessus de la vitre avant sert à éviter la condensation. Une largeur de grillage de 2-4 cm suffit. Le reste du couvercle peut être non grillagé. Cela maintiendra même mieux l'humidité.

Le cadre de bois du couvercle peut reposer directement sur les parois de verre du bac. Plus le rebord est étroit, plus la montée d'air le long de la paroie se fait bien, et moins celle-ci condensera.
Attention à ne pas laisser d'espace entre le bois et le verre. Ces animaux peuvent se faufiler dans de très petits espaces.

Les plantes utilisables dans un terrarium tropical sont nombreuses. Une bonne partie des plantes tropicales qu'on trouve en jardinerie conviendront à un milieu chaud et humide. Demandez aux vendeurs. Les plantes épiphytes (qui poussent sans terre, sur les arbres), ainsi que les broméliacées, sont particulièrement belles.

Une bonne partie des plantes prévues pour l'aquariophilie  sont également des plantes palustres, qui supportent parfaitement le mode émergé : mousse de java (avec une humidité très forte), Anubia, Hydrocotyle verticillata, Glossostigma élantoïdes.
Je fait pousser des Anubia nana et des Hydrocotyle verticillata (qui ressemblent à de petits parasols vert tendre) dans la mousse de java qui colonise ma cascade verticale. Malgré l'absence de substrat, les plantes poussent remarquablement bien grace aux racines toujours dans l'eau qui coule, et les Hydrocotyles se répandent partout grace à leurs stolons.
Le sol lui-même peut être recouvert de mousse, mais cela n'est pas obligatoire. Quand la mousse se plaît (l'humidité doit être forte, et cela dépend des espèces de mousse), elle colonise tout, même les rochers, et il n'y a jamais besoin de la changer.
Voir les photos de mes terrariums à dendrobates.

Voir la fabrication d'une batterie d'aquaterrariums à Dendrobates.

Eclairage

Les Dendrobates sont des grenouilles essentiellement diurnes (vivant le jour). Un éclairage est donc le bienvenu. Il est d'autant plus important si des plantes vivantes sont dans le terrarium.
Un tube spécialisé à synthèse de vitamines (avec des UV, donc) semble moins important que pour des reptiles. Par prudence, je met des tubes « reptiles », des biolux (dont l'indice de rendu des couleurs est de 97% de celui de la lumière du jour) ou des tritons. Je n'ai jamais eu de problème de carence identifié.

Une communication intéressante de Stéphane sur la question des UV :

"par expérience, j'ai remarqué qu'il y avait beaucoup moins de malformations des pattes avant chez les têtards quand les parents sont exposés aux UV. Chose qui m'a été confirmée par des observations sur le terrain d'autres amateurs, notamment avec D.tinctorius qui se rencontre plus facilement dans des endroits ou il y a eu chute d'arbres créant une clairière) et pour D. auratus que l'on trouve fréquemment aux abords des plantations."

Un éclairage uniforme de 10-12 H /J est suffisant. Vivant près de l'équateur, ces grenouilles n'ont pas besoin d'un rythme saisonnier marqué.
Ces animaux vivant en forêt n'ont pas besoin d'un éclairage très fort. Si celui-ci s'avère nécessaire pour vos plantes, multipliez les zones ombragées par des plantes hautes.

Température

Les Dendrobates viennent de régions tropicales. La température est donc assez uniforme, sans variations trop fortes selon les saisons. On peut fignoler en imitant une saison des pluies, un peu plus froide et humide, mais cela ne semble en rien indispensable. Selon les espèces, et l'altitude ou elles vivent, les auteurs parlent de températures allant de 20° à 30°.

Ces températures sont celles de la journée. Une chute de température de 2-4 ° la nuit permet de se rapprocher du milieu naturel. Elle n'est pas indispensable.

Certains éleveurs maintiennent leurs espèces en permanence à 28-30°, mais ce n'est pas indispensable, et cela semble accélérer le métabolisme, ce qui demande plus de nourriture et abrège sans doute la durée de vie.

Pour le chauffage, le mieux est de mettre un câble sous le substrat ou une plaque sous le terrarium. Il faut y relier un thermostat (placé dans le terrarium) pour régler la température.
N'oublier pas de mettre un thermomètre dans le terrarium.

Nourritures

Une thèse faite sur les dendrobates tinctorius, aux Nourragues, en Guyane, indique que l'examen du contenu des estomacs d'un groupe de D.tinctorius a donné les nourritures naturelles suivantes (merci à Stéphane pour l'info) : "Sept groupes ont été identifiés : termites, fourmis, coléoptères, acariens et araignées, larves d'insectes, guêpes, mouches et une catégorie restante."

Concrètement, dans nos régions, tout ce qui bouge et qui est à la taille de la bouche sera accepté. Le problème est que la bouche est très petite. La nourriture la plus fréquemment utilisée : drosophiles (mieux vaut des aptères - sans ailes - si on ne veut pas les voir voltiger dans toute la maison lors des nourrissages), micro grillons (en l'absence d'un magasin de terrariophilie ou d'un VPCiste régulièrement achalandé, il faut faire l'élevage soi-même), pucerons, plancton de prairies (on passe un coup de filet à maille très fine dans des herbes sauvages, à la belle saison, et on ramasse tout un tas de bestioles de petites tailles), fourmis (diversement acceptées selon les espèces. Voir l'article de stéphane), fourmis ailées (bien acceptées), termites (un must, mais pas facile à se procurer, sinon en forêt), teignes de ruches.
La teigne est une excellente nourriture, très utilisée par les éleveurs. Si les bêtes ne sont pas habituées aux teignes, il faut parfois leur apprendre, surtout pour les dendrobates sp au sens stricte. Pour les Epipedobates et Phyllobates, l'apprentissage est plus rapide.
En effet, les animaux du genre "dendrobates" chassent avec la langue, qui se colle sur la proie. Les plus grosses proies peuvent alors les géner, surtout s'ils ont l'habitude des petites drosophiles. Il faut les habituer avec des petites teignes de 3 mm, et augmenter au fur et à mesure pour arriver à des teignes de 8mm.
Pour les Epipedobates et Phyllobates, ce sont des "gobeurs", avec présence de dents, et ils s'adaptent plus aisément à des proies un peu plus grosses.
Il a ainsi été rapporté sur le forum consacré au Dendrobates que les phyllobates terribilis mangeaient des petits vers de terre, ou des bouts de vers de terre plus gros (les vers de terre sont une excellente nourriture pour les batraciens en général). Pour les Dendrobates sp, même grosses, qui chassent avec la langue, cela semble plus douteux.

Pour l'amateur de base, c'est sans conteste les drosophiles qui sont le plus utilisées. Voir la partie « nourriture vivante » pour leur élevage.
Le débat sur la complémentation des drosophiles avec des poudres vitaminées qu'on trouve dans les magasins de terrariophilie, ou par correspondance, sur catalogue, continue de faire rage. En cas de nourriture variée (droso, plancton, pucerons,...) cette complémentation semble inutile (les besoins en vitamines sont moins forts que chez les reptiles). Pour une mono-nourriture à base de drosophiles, c'est plus utile, voir indispensable. Les éleveurs notent des reproductions moins nombreuses et de moins bonnes qualités en cas d'alimentation à base exclusive de drosophiles. Une complémentation est alors un pis-aller. Mais elle a toujours ses opposants.
Des éleveurs comme C. Merminod et Stéphane, qui reproduisent de nombreuses espèces de dendrobates complémentent leurs drosophiles 2 fois par semaine avec des vitamines.  Mais ils utilisent quand même d'autres proies. (Ils utilisent SOFCANIS, une poudre vitaminée pour chien, qui se trouve en animalerie. Il utilise le modèle croissance, pour son rapport vitamines / calcium. Environ 60 FF les 400 gr).
Une variété maximale des proies reste  cependant idéale pour éviter les carences.

Dans certaines organisations de terrarium, les micro-grillons ou les teignes de ruches sont difficiles à utiliser : ces proies s'enfouissent dans le substrat ou s'échappent du terrarium. Un truc donné par Pierre-Yves VAUCHER : il s'agit de placer les proies dans un petit récipient en verre. Elles ne peuvent le quitter, ou du moins difficilement. Voyant leur nourriture à travers le verre, les dendrobates, qui ont des capacités de grimpeuses, ont vite fait d'apprendre à y pénétrer pour se nourrir. Les meilleurs récipients sont d'après Pierre-Yves  les pots de crème vanille ou chocolat du super-u, dont le diamètre est de 5cm et la hauteur de 4cm.

Les Dendrobates sont de grosses mangeuses. Il ne faut d'ailleurs pas abuser, car elles ont tendance à l'obésité. Nourrir tous les jours ou tous les deux jours.

Voir la communication de stéphane sur des élevages annexes de nourritures vivantes pour Dendrobates.

Reproduction

Tétard d'environ 3 semaines
Têtard d'environ 3 semaines - Photo personnelle - 2005 - Cliquez pour agrandir
Couple d'épipedobates surveillant 
sa ponte
Epipedobates tricolor surveillant leur ponte

Les mâles et les femelles se ressemblent. Les femelles sont en générales un peu plus grosses (à cause des masses ovariennes). La maturité sexuelle est atteinte en 12-18 mois.
Pour certaines espèces, comme D.leucomelas, le mâle chante et se bagarre volontiers avec d'autres mâles. Pour cette dernière espèce, les disques adhésifs des pattes avant des mâles sont plus larges que ceux des femelles (chez les spécimens adultes).

Certains auteurs estiment que la simulation d'une saison sèche avec une humidité en baisse, suivie d'une saison avec une hygrométrie de 100% stimule la reproduction. Mais ce n'est pas strictement indispensable. L'humidité élevée est par contre une condition sine qua non. Des pulvérisations (manuelles ou automatiques) reproduisent la saison des pluie et stimulent les pontes.

Une nourriture particulièrement abondante et surtout variée est également nécessaire pour avoir plus d'oeufs, donnant des têtards en meilleure santé. Voir le témoignage de franck LEFEVRE.

Le mâle chante pour attirer la femelle. Il l'attire ensuite jusqu'au point qu'il a choisit pour la ponte. Puis il lui monte dessus pour l'amplexus.
Pour certaines espèces tel D.tinctorius et D. azureus, c'est très souvent la femelle qui vient en premier se frotter au mâle, déclenchant ainsi la parade amoureuse (merci à C Merminod pour l'info).

Pontes :

Il est rapporté par certains que quand elles ont le choix, les dendrobates pondent plutôt en hauteur. Cela a été constaté dans des terrariums ou existent des boites de pétri recouvertes d'une noix de coco, posées au sol, mais aussi des boites de pontes accrochées aux plantes ou au parois du terrarium, à 40-50 cm du sol.
Pour ces dernières boites, on utilise des boites de pellicules photo pour les petites espèces, et des pots de yaourt pour les plus grandes. On peut "habiller" ces pots à l'extérieur (pas à l'intérieur) en les enduisant de colle silicone et en les recouvrant de tourbe ou d'écorces.
Sauf dans les cas rares d'espèces pondant dans l'eau (type ventrimaculatus), les boites de ponte sont vides d'eau, et placées inclinées à 45° dans un endroit pas trop éclairé (pas forcément à l'ombre).
Les grenouilles préféreraient ces lieux de ponte aux boites de pétri. Vous pouvez donc leur proposer les deux.
Prévoyez plusieurs lieux de ponte possibles : les grenouilles ont parfois des préférences incompréhensibles à nos yeux.

Les couples novices peuvent rater quelques pontes, en ne fertilisant pas les oeufs, voire en pondant de la gelée sans oeufs.

Gestion des oeufs

Quelque soit la méthode, l'eau doit être à 20-25°, pas trop calcaire (mais pas forcément osmosée, contrairement à ce qu'on lit parfois), et changée très souvent (1 fois par jour), en veillant bien à enlever les saletés et la nourriture non-consommée qui est au fonds. Les têtards sont surtout carnivores. On les nourrit avec des paillettes aquariophiles (plutôt à base de viande ou de poisson) réduites en poudre, des artémia, du tubifex. Certains utilisent un peu de spiruline ou d'épinard.
La société SERA distribue SPIRULINA, des pastilles enrichies en spiruline et en vitamines pour poissons tropicaux. Cette nourriture (en magasin d'aquariophilie) est parait-il excellente pour les têtards. On leur donne 1 ou 2 petits fragments de pastille, et on les changent toute les 24 ou 48H (merci à Y Mathieu pour l'info).

N'oublier pas de baisser le niveau de l'eau à quelque millimètres au moment de la transformation (risque de noyade) et de mettre un endroit ou la grenouille peut sortir de l'eau. Les grenouillettes ne sont alors plus dans leur verre, mais dans un petit terrarium (très humide), avec leurs frères et soeurs.

Les petites grenouilles sont nourries comme les adultes, mais en privilégiant D.Mélanogaster (voir chapitre sur les nourritures vivantes), plus petite. On peut aussi essayer les pucerons. Parfois, il faut même des collemboles encore plus petits. Les jeunes peuvent mettre quelques jours à se nourrir, alors pas de panique s'ils ne mangent pas dès le premier jour de leur sortie de l'eau.
La quantité de nourriture doit être élevée : les animaux doivent baigner dedans. La qualité (variété des proies, complémentation aux vitamines) doit aussi être au rendez-vous. C'est impératif.

Voir 2 expériences détaillées de reproduction des Dendrobates

A noter qu'il existe des sites Internet ou des éleveurs déclarent élever leurs têtards dans des aquariums collectifs, avec des changements fréquents d'eau. Cette méthode inorthodoxe et considérée comme dangereuse serait cependant utilisable, tout en simplifiant l'élevage.
Je confirme, pour avoir essayé, que cela marche pour certaines espèces. Il y a quand même une tendance territoriale et à des agressions. Il faut pour le moins un certain volume, avec des plantes et des cachettes.

Maladies

J'ai peu de données sur ce sujet.

- Nécroses cutanées 1 : "l'application d'une pommade ophtalmique à base de chloramphénicol à assez bien marché sur les problèmes de nécroses cutanées."
(étudiants vétérinaires de maison alford. Communication faite sur la maillin-liste terrarium).

- Nécroses cutanées 2 : "ces nécroses se présentent sous la forme de petites ulcérations d'un diamètre de 1mm chez des bufo de petite taille et de 1/4mm chez dendrobates. un autre traitement consiste à :
    1/ baigner l'animal dans une solution d'eau tiède avec 1ml de BETHADINE par litre d'eau (c'est un désinfectant des muqueuses); le faire 3 jours de suite. Attention, vous verrez l'animal se frotter avec les pattes arrières car ce produit est un peu irritant pour les batraciens, mais il s'en remet très bien. Je l'ai essayé sur des têtards ayant des mycoses, ils ont tous pelé mais sont tous arrivés à l'age adulte et plus de mycoses ! Ce produit est anti-mycotique, bactéricide et virucide.
    2/ pour parfaire le traitement, baigner l'animal durant 5-6 jours dans une solution d'eau dans laquelle on aura rajouté une capsule de TETRACYCLINE. L'avantage des capsules, c'est qu'on peut les ouvrir et que la poudre se dilue bien.
Comme tetracycline, antibiotique à large spectre, efficace aussi pour le red leg [maladie bactérienne qui donne les jambes rouges aux batraciens - NB webmestre], j'utilise de l'ACHROMYCIN, au prix de 50.- les 20 capsules (attention c'est un produit que j'achète en suisse, demander l'équivalent en France). Efficacité garantie !"
(Communication faite par agame, sur la maillin-liste terrarium).

- Parasites : Les dendrobates sont sujettes (surtout les animaux sauvages) à des infestations parasitaires intestinales. Symptômes : l'animal mange moins, et/ou se baigne en permanence (il ne le fait que très sporadiquement, normalement). Dès que ces symptômes apparaissent, et sans attendre, même dans le doute, il faut lancer un traitement antiparasitaire. L'idéal est d'utiliser un antiparasitaire en poudre. On saupoudre les proies 1 fois tous les 2 jours pendant 10 jours. On attend 10 jours, puis on recommence un 2ième traitement de 10 jours. Certains font même un traitement prophylactique d'1 seule période de 10 jours tous les 6 mois.
Pour les antiparasitaire à utiliser, voir le chapitre "parasites".

- Carence en calcium (peut être doublée d'une carence en vitamine). Par Baptiste Leroy.
Le calcium est indispensable pour la contraction des muscles.
Symptômes :
les animaux semblent partiellement paralysés. Ils ont du mal à se tenir debout. Leurs pattes arrières peuvent traîner derrière eux. Ils peuvent être agités de spasmes. Ils se déplacent et se nourrissent difficilement.
NB : Ne pas confondre avec des animaux bougeant peu par manque de chaleur (ils se collent alors au substrat si le chauffage est en sous-sol, pour essayer de récupérer de la chaleur).
Traitement :
Placer les animaux dans un bain tiède (25°) leur arrivant à mi-corps. Il faut un récipient dont l'animal ne peut sortir, mais ou l'eau est trop peu profonde pour qu'il se noie. Le bain est composé d'un demi-verre d'eau, mélangé à 1 cuillère à café d'une solution vitaminée riche en calcium. Il faut que ces vitamines contiennent plusieurs forme de Calcium différentes. Ceci assure une meilleure assimilation. J'utilise simplement le Reptivit et ça a déjà sauvé plusieurs Dendrobates qui avaient ces symptômes. Un seul bain d'1 demi-heure suffira pour des cas pas trop graves. Plusieurs sur plusieurs jours pour des individus plus atteints.

- Syndrôme des pattes d'allumettes.
      lien en françaisUn article intéressant sur le syndrome des pattes d'alumettes.

Liens

E-Mail de personnes maintenant des dendrobates

Des repro sont parfois disponibles chez les éleveurs. Demandez!

Bibliographie

"L'élevage des Dendrobates et des Mantella", aux éditions Philippe Gérard - N° ISBN 2-912521-22-X - 80 FF, par Charly Merminod. Le livre peut être commandé dans une animalerie, à la ferme tropicale ( Tel. 01 45 84 24 36), ou sur les sites de vente de livres en VPC (FNAC,...).


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