L'IMPORTANCE DE LA NOURRITURE DES GENITEURS POUR L'ELEVAGE DES DENDROBATES
Auteur : Franck Lefevre (02/2000)
L'influence de la nourriture sur la qualité de la ponte est extrêmement importante.
J'en élève depuis six ans et j'ai reçu pas mal de témoignages venant de Belgique, ainsi que d'un éleveur sur Paris. Tous confirment. les femelles recevant des nourritures très riches font de bons gros oeufs qui tiennent bien souvent mieux la route que des oeufs rachitiques qui ont peu de réserves.
Comment fait-on faire de gros oeufs aux femelles?
La solution n'est sans doute pas la seule, mais j'avais de bons résultats
en apportant beaucoup de jeunes teignes de ruches (de très petites
tailles) dans leur ration alimentaire. Il faut qu'elles soient grassouillettes
ces mesdames !!.
(la teigne de ruche ne peut être la nourriture permanente des dendrobates,
il y aurait des risques de déséquilibres alimentaires.)
Si des oeufs n'évoluent pas dans les jours qui suivent la ponte,
c'est qu'il y a de grandes chances qu'ils ne soient pas fécondés.
Pourquoi ne seraient-ils pas fécondés? Beaucoup d'hypothèses :
- Mauvais mâle,
- J'ai vu des femelles agées se comporter comme des mâles et assurant une dominance dans le terrarium.
- Mauvais sites de ponte.
- Femelles trop jeunes.
- Il y a certainement d'autres raisons. Les premières pontes dans la vie des femelles sont souvent ratées. J'ai vu ainsi une jeune femelle pondre huit fois avant d'avoir une ponte correcte.
Complément de Décembre 2001
La (mauvaise) sortie des membres antérieurs au moment de la métamorphose
(syndrome des "pattes d'allumettes") reste un problème trop fréquent,
et existe depuis longtemps. J'ai mis le nez dans le "batraco-élevage"
en 1985, et les éleveurs Allemands et Belges en parlaient déjà.
Pour éviter ce problème de grenouillettes chétives ou mal formées, il y a une
évidence assez nette aujourd'hui (au
travers des expériences des éleveurs de longues dates) :
les ressources parentales en nourriture, et notamment de la mère,
sont primordiales. La richesse en éléments minéraux
de l'eau pour le têtard serait un plus. Evitez donc l'eau osmosée
ou déminéralisée.
Au travers de bien des observations, il apparaît que les têtards plus forts et avec des queues importantes ont rarement ces problèmes de croissance ou de métamorphose. Les têtards forts sont souvent obtenus à partir des gros oeufs, donc directement concernés par la richesse de l'alimentation de "maman", qui leur permettra ensuite de développer des queues longues et fortes grâce à leur alimentation propre.
Hourdry dans son livre fabuleux "la métamorphose des amphibiens", nous fait comprendre que lors du remaniement qui s'opère au moment de la métamorphose, la majorité des ressources proviennent des "réserves" qui se situent dans les organes qui vont disparaître, l'un des plus importants étant cette queue natatoire.
Quelques années d'expérience au travers de l'élevage de Bombina orientalis, Dendrobates sp. et Mantella aurantiaca m'ont bien fait ressentir cela. Tous les têtards se métamorphosent (ou presque, écartons la néoténie), et ils obéissent à une machinerie bien programmée. Mais les larves maigres et malingres, avec des queues réduites donneront souvent des crapelets chétifs, mal formés et avec peu de possibilités de rattraper ce démarrage. J'ai rarement observé des crapelets ou grenouillettes chétives devenir de beaux géniteurs avec un taux de reproduction intéressant.
Ils/elles restent des animaux chétifs et faibles, rarement grassouillets et forts. Hourdry nous dit aussi que l'élaboration du squelette nécessite de fortes ressources calciques et minérales, et que la plus grande partie est comprise dans la queue!!!! Encore une fois, les ressources minérales au travers de l'eau et de l'alimentation vont se retrouver stockées pour les fameux jours de la transformation, puis servir à fabriquer les membres, d'abord les postérieurs puis les antérieurs. Si la ressource est trop faible.....les membres ne sortent pas....panne sèche !!!! Les membres postérieurs apparaissent en premier, mais les suivants (les pattes de devant) n'ont plus rien et sont à moitié élaborés, ou alors chétifs.....
Des températures trop élevées lors de la vie larvaire et lors de la métamorphose ont tendance à accélérer les processus et ne permettent pas leur bon déroulement.
Bref, pour éviter le syndrome trop fréquent des "pattes d'allumettes" ou des corps chétifs, la nourriture des parents puis celle des têtards doit être abondante et équilibrée (c'est à dire diversifiée), la température bien adaptée (19-21°C environ pour des têtards de dendro - il est remarquable de constater que des larves élevées à 24°/26°C ont tendance à être grandes, mais malingres, frêles...un peu comme une plante étiolée).
Une mauvaise nourriture parentale ne sera jamais totalement rattrapée par une bonne nourriture des têtards.
Pensez également que" abondante" ne veut pas dire "polluante", c'est à dire qu'il faut réaliser de fréquentes distributions en "petites doses"....