BOMBINA ORIENTALIS

Auteur : Christophe Cagé, avec des compléments de Ludovic Didier.

 
1 photo de Bombina 1 photo de Bombina 1 photo de Bombina
 
De belles photos des Bombina orientalis de Patrick THIEBEAUX, par lui-même. Cliquer dessus pour les agrandir.

Une gallerie de photo de Lionel Serra de B orientalis, d'un morphe brun / gris :

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Habitat Naturel

Bombina orientalis est une petite grenouille de 4 à 7 cm. Elle vit en Asie orientale, de la Sibérie du Sud-est à la Corée (c'est à dire dans un climat allant de tempéré froid à tempéré chaud).
La variété habituelle a le dos vert taché de noir, mais il semble exister une variété (j'en ai vu chez un grossiste en suisse) avec les dos marron taché de noir. D'après M Harnéquaux, il s'agirait d'une autre espèce, Bombina bombina.

Il existe une autre espèce, Bombina maxima, dont le mode de vie est proche, mais qu'on trouve assez rarement dans le commerce. Vous pouvez lui appliquer cette fiche de maintenance sans soucis, les besoins de cette espèce sont simillaires à ceux de B orientalis.

B. orientalis est un animal très aquatique, qui passe la plus grande partie de sa vie dans l'eau ou juste à côté. Son mode de vie ressemble en fait beaucoup à celui de son cousin, Bombina variegata, le sonneur à ventre jaune, assez commun dans nos régions.

Les Bombina orientalis, lorsqu'ils sont dérangés ou agressés, présentent un comportement défensif : C'est le reflexe d'Unken (du nom de l'herpétologiste allemand qui à décrit ce phénomène pour la première fois). Les crapauds ainsi dérangés s'arc-boutent sur leur dos et présentent leur face ventrale à leur assaillant, tandis qu'ils rapprochent leurs membres. L'agresseur est alors averti, par le rouge du ventre que s'il va plus loin, il risque d'avoir des problèmes. Et c'est ce qui ne manque pas d'arriver si l'agression continue : les sonneurs à ventre rouge produisent alors un produit laiteux, toxique, qui a un goût âcre et putride, et qui a pour effet de faire gonfler les muqueuses. Nul besoin de dire qu'un chien ou un serpent qui a essayé de manger une fois un crapaud, apprend vite à les éviter.
Une fois habitué à son soigneur, Bombina orientalis en captivité ne montre normalement pas ce type de comportement.

Les Bombina suintent une substance toxique par des pores à venin (une photo de Patrick THIEBEAUX). La toxine de Bombina orientalis semble assez active : 1 mlg injecté à une souris suffirait à la tuer en 15 minutes. Des Bombina entassées dans un petit terrarium (pour un transport, par exemple) peuvent s'intoxiquer mutuellement, jusqu'à la mort. Certains conseils même de changer de temps en temps le substrat de leur terrarium, pour éviter l'accumulation des toxines. Cela semble cependant inutile, de l'avis d'éleveurs de Bombina. Il semble plus probable que la toxine se dégrade avec le temps, perdant sa dangerosité.
Pas de crainte démesurée à avoir : Bombina ne peut injecter sa toxine. Mais mieux vaut éviter de la toucher avec une main portant des plaies, ou de se frotter les yeux après en avoir pris une en main. D'un point de vue général, il ne faut de toute façon pas manipuler les animaux, pour leur éviter le stress, et se laver les mains aprè toute manipulation indispensable.

L'espérance de vie de ces crapauds est de 10 à 14 ans, mais certains rapports vont bien au delà : 20 ans en captivité.

Statut juridique : Les sonneurs orientaux, à l'inverse de leurs cousins européens, ne sont pas protégés. C'est un animal résistant et idéal pour un débutant.

Terrarium

B.Orientalis aime vivre en groupe. 2 Animaux sont un minimum. 5 ou 6 sont beaucoup mieux. Le terrarium doit donc être relativement grand. Un aquarium de 80 L (60 cm X 30 cm X 40 cm) ou plus convient très bien pour un groupe de 4 à 6 Bombina.

Les animaux aimant l'eau, ce terrarium (en fait un aquaterrarium) devra avoir environ 70 à 75% de sa surface occupée par l'eau.
Faites vous couper un pan de vitre de la largeur de votre bac, et de 10-15 cm de haut. Collez le en travers de l'aquarium avec de la colle au silicone. Attendez 5 à 7 jours que les joints soient secs. Vous pouvez « habiller » la séparation avec une plaque d'ardoise (découpée aux bonnes dimensions à la scie), ce qui est plus esthétique.
La partie aquatique peut alors être remplie d'eau. Une filtration n'est pas indispensable si vous changez au moins 50% de l'eau chaque semaine. Les Bombina ne sont pas très sensibles aux paramètres de l'eau (dureté ou acidité), mais une eau propre reste importante.

Je conseille de mettre du sable de Loire au fond de l'eau, et d'y placer des escargots mélanoïdes. Ce sont des escargots détritivores, qui aideront à garder le bac propre. On les trouve facilement dans les magasins d'aquariophilie.

Il y a 2 écoles pour le substrat de la partie terrestre :

Pour éviter que la terre soit détrempée (il y a toujours des débordements de la partie aquatique), il est conseillé de mettre un drain au fond de la partie terrestre, en dessous de la terre : 3 cm de gravier, de pouzzolane, ou mieux de billes d'argiles expansées (plus légères) feront l'affaire.

Certains conseillent de mettre de la terre de bruyère, plus acide que du terreau, afin de freiner le développement d'éventuels champignons. Je ne le fais pas, et je n'ai jamais eu de problème. Mais c'est une précaution qui ne coûte rien, sauf peut-être une mauvaise pousse des plantes (la terre de bruyère est très acide). On peut aussi envisager de n'en mettre qu'une couche superficielle (pour protéger contre les champignons), et de placer du vrai terreau en dessous (pour les plantes).

Je préfère nettement la méthode du substrat naturel, beaucoup plus esthétique, et qui ne m'a jamais posé de problème sanitaire.

Le couvercle du terrarium doit être  grillagé. En effet, l'humidité d'un tel aquaterrarium  est très forte. A défaut d'aération, tout sera toujours humide, et les vitres toujours embuées. Un bon système consiste à couper 4 tasseaux de 3 ou 4 cm de section, et de les coller à la colle à bois aux dimensions du bac. Il ne reste plus qu'à tendre ce cadre avec un grillage à petits trous. Les Bombina, qui sont bonnes grimpeuses, ne pourront s'échapper. Mais le terrarium respirera, et la buée sera faible ou inexistante.
Le cadre peut reposer directement sur les parois de verre, ou mieux, sur des renforts latéraux collés à l'intérieur, tout autour du bac.
Il n'est donc guère nécessaire de suivre l'hygrométrie. En cas de sécheresse improbable de l'air, les Bombina prendront un bain.

L'été, on peut parfaitement placer ses grenouilles dans un bassin de jardin. Il n'est pas sûr qu'elles cherchent à s'enfuir, mais un petit enclos peut être plus prudent. Soyez alors très attentifs : il faut impérativement éviter des introductions dans la nature d'espèces étrangères à nos contrées. Elles peuvent déséquilibrer un biotope, en éliminant les espèces locales.

Eclairage

Les Bombina sont des grenouilles essentiellement diurnes. A la saison des amours, elles peuvent cependant chanter la sérénade une partie de la nuit - leur cri ressemble à celui d'une chouette, et n'est pas trop bruyant. Un éclairage est donc le bienvenu. Il est d'autant plus important si des plantes vivantes sont dans l'aquaterrarium.

Un tube spécialisé à synthèse de vitamines (avec des UV, donc) semble moins important que pour des reptiles. Je mets des tubes biolux (dont l'indice de rendu des couleurs est de 97% de celui de la lumière du jour), des tubes tritons ou des tubes "daylight" achetés en grande surface. Je n'ai jamais eu de problème de carence identifié.

Si on ne souhaite pas de reproduction, un éclairage uniforme de 10 H /J est suffisant. Dans le cas inverse, retrouver un rythme saisonnier est utile. Dans ce cas un minima à 10 H (au solstice d'hiver, le 21/12 - ou le 31/12 pour simplifier) et un maxima à 14 H (au solstice d'été, le 21/6 - ou le 31/6 pour simplifier) peuvent être recréés. Je rajoute ou je déduis 15 Mn tous les 15 jours.

Température

Les Bombina viennent de régions tempérées, voire froides. Il est d'ailleurs possible que selon les régions d'origine et leurs climats, il y ait des variétés avec des besoins ou des tolérances différentes.

La personne qui ne souhaite pas faire de reproduction peut les laisser à la température ambiante de la pièce, c'est à dire 17 à 19° l'hiver (selon le chauffage de la maison) et 23-27° l'été.

Pour la reproduction, il est plutôt conseillé d'organiser une période fraîche de 2-3 mois à 15-17°, puis une hausse régulière et assez rapide (en 1 ou 2 mois) jusqu'à 25°-28°.
Dans ce cas, un chauffage spécifique au bac permet de mieux régler. Un chauffage aquatique (achetable en magasin d'aquariophilie) suffira.

Nourritures

Tout ce qui bouge et qui est à la taille de la bouche sera accepté : mouches, tebos, vers de farine, grillons, araignées, papillons, vers de terre,...

Les insectes peuvent se trouver dans son jardin (mieux vaut alors les laver si il y a des risques de pesticides), en animalerie, en magasin de pêche.
On peut aussi élever ces petites bêtes (voir la partie « nourritures vivantes »). Un membre de la mailing-liste francophone de terrariophilie a ensemencé la partie terrestre de son bac avec des vers de terres californiens (plus petits) et des cloportes. Ils se reproduisent, et les Bombina s'en nourrissent. Il dit ne pas avoir nourri ses grenouilles depuis plusieurs années. Voir ses explications.
Attention à l'abus d'animaux trop chitineux (la chitine est la carapace des insectes), comme les cloportes ou les vers de farine. La chitine n'est pas très bien digérée. Il y a même des risques d'occlusion intestinale.

Une variété maximale est idéale pour éviter les carences. Le meilleur équilibre serait trouvé avec des sauterelles, grillons et vers de terre. 

On peut aussi nourrir des animaux habitués à leur soigneur avec de la nourriture morte décongelée : crevettes, poissons, viande de bœuf,... La nourriture est alors présentée au bout des doigts ou d'une pince à épiler. Après des débuts laborieux, ils s'y font vite et bien.

Concrètement, j'ai longtemps nourris l'été avec des insectes du jardin, surtout des sauterelles, et l'hiver avec du congelé. Dans les 2 cas, je mettais une goutte de vitamines tous les 7 à 15 jours.
Je nourrissais en moyenne une à deux fois par semaine. Cela suffisait. En période de reproduction (au printemps), mieux vaut 3 ou 4 fois, voir tous les jours. Une nourriture abondante est nécessaire à la maturation des ovaires.
Beaucoup d'éleveurs mettent un peu de complément vitaminé sur la nourriture. D'autres estiment que cela fait plus de mal que de bien, contrairement à ce qu'il faut faire pour les reptiles.

Aujourd'hui, je nourris surtout en mettant une fois par mois une boite de vers de terre de taille moyenne achetée en magasins de pêche. Ils vivent dans la terre, et en ressortent pour se faire manger. Plus d'ajout de vitamines, évidement. Je rajoute quelques sauterelles l'été.
Je n'ai pas noté de différence marquée entre les 2 régimes, et j'ai de la reproduction avec une diète a base de lombrics.

On peut également rajouter du Bêta carotène (en pharmacie) à la nourriture si la teinte rouge du ventre devient plutôt jaune-orangée. Cette affadissement de la couleur est l'indice d'un manque de colorant naturel dans la nourriture.

Une autre façon simple de rajouter du carotène, donné par Julien Rosa-Francoeur :

"j'ai trouvé un autre moyen de raviver les couleurs du ventre des Bombina ou du moins empêcher qu'elles ne palissent. Je nourris leur nourriture (vers de terre que j'élève en bac, vers à farine et grillon) avec des carottes. Après 9 mois (quand je les aient reçues, leur ventre était orange), elles sont d'un rouge éclatant."

Autre complément alimentaire pour conserver ou raviver la couleur du ventre (merci à Arnaud Jamin pour l'info) :

"Can-tax, de chez Orlux (pour canaris de couleur!!!) en 20 g (environ 35 F), 100 g (environ 105F) et 500g. C'est en poudre, à mettre en faible quantité sur un ver de terre ou une limace. Quelques jours après, le crapaud retrouve déja de l'éclat. Renouveller une fois ou deux à une semaine d'intervalle, jusqu'à ce que le ventre soit bien rouge. C'est idéal pour les nouveaux bébés métamorphosés depuis peu, qui ont encore le ventre tout pâle.
PS : mon fournisseur : M Poggi - 3 ruelle du pont vert - 56000 VANNES (envois par la poste)."

Un commentaire sur ce produit par Ludovic Didier :

"La cantaxanthine est à la base de ce produit. Elle est bien connue pour ses propriétés :  c'est un excellent colorant pour forcer la couleur des flamand roses, ibis rouges ...  Heureusement aucun effet indésirable n'a été répertorié jusqu'à maintenant, on peut donc l'utiliser en toute sécurité (à faible dose bien sur :-))".

Reproduction

2 Photos des têtards aimablement fournies par Sebastien Willaume. Cliquez dessus pour les agrandir.

Les Bombina se reproduisent plutôt au printemps. Il faut respecter une période de 2/3 mois à 15/17°, puis remonter en 1 ou 2 mois vers 25°-28°, puis redescendre en fin d'année en 1 ou 2 mois.

Faire varier la durée d'éclairage de 10 à 13/14 H (voir plus haut) est un plus.

Voir un cas pratique d'hibernation, par Franck Lefèvre.

Les mâles se différencient mal des femelles. Celles-ci sont cependant un peu plus grande. Au printemps (saison des amours), la distinction devient plus aisée :

Les œufs sont pondus individuellement ou en petites masses de gelée (voir les 2 photos aimablement communiquées par Franck Lefevre) . Il est préférable d'avoir un peu de végétation flottante : les œufs seront pondus dedans.

Ont peut retirer les œufs pour les laisser éclore. Les têtards peuvent être nourris peu après la naissance avec des paillettes pour poissons exotiques, des petits bouts de viande ou de poisson.

Après la transformation, les petites grenouilles quittent partiellement l'eau (attention à ne pas les noyer). Elles peuvent être nourries avec des pucerons, des drosophiles, des micro-grillons. En cas d'incapacité à se procurer tout ça, on peut essayer de les laisser dans un récipient partiellement aquatique posé dans le jardin ou sur le balcon. Une petite lumière peut attirer des proies la nuit.

Les couleurs des jeunes sont assez différentes de ce qu'elles deviendront par la suite.

Une nourriture journalière et abondante est fondamentale pour une bonne croissance.

Attention, les parents sont volontiers cannibales. Ils faut séparer les animaux par tailles, sinon les gros mangent les petits (avec des risques d'empoisonnement du cannibale, qui plus est).

Maladies

Ces crapauds, comme les grenouilles à griffe africaine (Xenopus sp.), sécrètent des antibiotiques naturels ayant une activité remarquable sur les bactéries et les champignons, il est par conséquent très rare de rencontrer des problèmes de maladie chez cette espèce. Toutefois des infections par des parasites sont possibles, elles passent souvent inaperçues, mais peuvent entraîner la mort d'un animal si celui-ci est débilité par le manque de nourriture, le stress dû aux agressions de ses congénères ou à de mauvaises conditions d'hébergement.

Parasitisme :

Red-Leg :

Voir la description donnée dans l'article sur les Agalychnis.

Liens

Merci de signaler de nouveaux liens intéressants ou les liens périmés.

E-Mail de personnes maintenant des B.orientalis

Deux réferences en français sur le sujet (données par Franck Lefèvre) :


 

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