TRITURUS VITTATUS
Deux jeunes Triturus vittatus ophryticus
Un très beau mâle T v ophryticus par Christoph Bork - cliquez dessus pour l'agrandir
Un couple en parade, par BorisTimofeev - Cliquez sur la photo pour l'agrandir
Un jeune Triturus vittatus ophryticus en train de se nourrir.
De très belles photos de couples, de pontes, et de jeunes Triturus vittatus ophryticus
Habitat Naturel
Triturus vittatus, le triton à bande, et une des rares espèces d'Urodèle Européen qui soit autorisée en captivité. Encore rare dans les terrariums au début des années 1990, et presque considéré comme mythique, il est devenu assez courant chez les Urodélistes allemands, qui le reproduisent fort bien. Il commence à pénétrer le milieu des terrariophiles Français, ou il est encore exceptionnel. Fin 2001 (date d'écriture de l'article), il est illusoire d'espérer le trouver dans un magasin français. Il faut dès lors se le procurer auprès d'un éleveur, ou dans une bourse allemande.
Cet article a pour but de faire mieux connaître cette valeur montante de la terrariophilie.
Il existe deux sous-espèces certaines, plus une troisième possible, dont la mise à part reste discutée.
- Triturus vittatus vittatus, Gray, 1835
Il s'agit de la forme nominale (la première décrite). Elle vit en Asie mineure méridionale, en Syrie, au Liban, et en Israël. On ne la trouve donc pas en Europe. Sa taille est de 13 cm au maximum. Elle vit en plaine, ou a très basse altitude, en tout cas au-dessous de 300m, dans des mares temporaires avec peu de végétation aquatique mais beaucoup de crustacés et d'insectes.
Les points de différenciation les plus fiables par rapport à T.v. ophryticus sont : la taille est moins importante, la bande blanche latérale est relativement plus large, il y a des tâches foncées sur la partie ventrale, et la crête dorsale est moins haute chez le mâle. - T vittatus cilicensis, Wolterstorff, 1906
C'est la forme de la région d'Adana en Turquie, souvent considérée comme un simple synonyme de Triturus vittatus vittatus auquel elle ressemble beaucoup. Mais ce serait cependant une sous-espèce valide selon les dernières observations. Sa taille est de 13 cm au maximum. - Triturus vittatus ophryticus, Berthold, 1846
Il vit dans le Caucase (Europe du sud-est) et en Asie mineure septentrionale. Sa taille est de 16 cm au maximum. C'est une forme de montagne, vivant entre 1000 et 1600 m d'altitude, dans des eaux stagnantes ou à très faible courant.
C'est la plus grande, mais aussi la plus belle des sous-espèces, et la crête des mâles est particulièrement imposante.
Le ventre est uniformément jaune à orange, et il y a un bande longitudinale blanche bordée de noir le long des flancs. Une tâche claire se trouve derrière les yeux.
La grande crête dorsale chez le mâle en phase aquatique commence au-dessus de la tête et est séparée de la crête caudale par une profonde échancrure
C'est la sous-espèce la plus courante en captivité.
En résumé, il existe deux groupes bien distincts aux modes de vie assez différents : la sous-espèce ophryticus d'un côté, qui est montagnarde, et de l'autre, T. v. vittatus/cilicensis qui sont 2 formes proches, méditerranéennes et de plaine.
Les différentes sous-espèces sont alternativement diurnes (vivant le jour) ou nocturnes (vivant la nuit) : plutôt diurne en phase aquatique et plutôt nocturne en phase terrestre. Durant cette phase terrestre, elles apprécient de plus une relative sécheresse, et fuient les endroits détrempés
Carte de répartition des sous espèces.
Cliquez sur cette carte pour l'agrandirTerrarium
On peut opter pour 2 logements, un pour la phase sèche, et un pour la phase aquatique (qui sera en fait un aquarium).
Le plus courant reste cependant de mettre en place un aquaterrarium dont la partie terrestre représentera environs 50% de l'ensemble : les animaux occuperont alternativement l'une ou l'autre de parties.
La partie aquatique devra fait faire au moins 20 cm de profondeur.
Au Caucase, il semblerait que la sous-espèce ophryticus reste toute l'année dans l'eau, où elle hibernerait également. Mais les exemplaires captifs préfèrent cependant se retirer à terre l'été venu.
La période aquatique se situe au printemps (période de la reproduction). Ils redeviennent terrestre en été. Certains animaux peuvent retourner à l'eau en automne, et même passer tout l'hiver dans l'eau. Cependant, la plupart du temps, les animaux restent à terre après l'été, et ne reviennent à l'eau qu'au printemps.
En résumé, selon les variétés régionales et les individus, la phase aquatique peut se réduire au printemps, durer toute l'année, ou connaître des situations intermédiaires.
Un aquaterrarium de 80 cm de longueur est un minimum pour un trio (1 mâle et deux femelles). Ne placez jamais 2 mâles ensembles. S'ils peuvent se tolérer en phase terrestre, il est impossible de les faire cohabiter en phase aquatique, qui est aussi celle de la reproduction. Cette situation est particulière par rapport aux autres espèces du genre Triturus, ou les mâles se tolèrent généralement bien.
Un couvercle est indispensable pour éviter les évasions. Mais il faut se rappeler qu'une bonne aération est fondamentale pour la bonne santé des animaux, et que le couvercle doit donc être plutôt grillagé. Un bon système consiste à couper 4 tasseaux de 3 ou 4 cm de section, et de les coller à la colle à bois aux dimensions du bac. Il ne reste plus qu'à tendre ce cadre avec un grillage à petits trous.
Le substrat de la partie terrestre peut être en terre (sans engrais, attention). On peut planter des plantes de pays tempérés : mousses de nos forêts, lierres, ficus pumilo.... On doit aménager des cachettes pour les animaux : racines, grottes, amas de plantes, pierres plates pour que les animaux se cachent dessous, écorces de liège,...
Isoler le substrat de la partie aquatique par une plaque de verre collée permet de mieux contrôler l'humidité de la partie terrestre. Il est conseillé de mettre un drain au fond de celle-ci, sous la terre : 2-3 cm de gravier, de pouzzolane, ou mieux de billes d'argiles expansées (plus légères) feront l'affaire. Certains conseillent de mettre de la terre de bruyère, plus acide que du terreau, afin de freiner le développement d'éventuels champignons. C'est une précaution qui ne coûte rien, sauf peut-être une mauvaise pousse des plantes (la terre de bruyère est très acide). On peut aussi envisager de n'en mettre qu'une couche superficielle (pour protéger contre les champignons), et de placer du vrai terreau en dessous (pour les plantes).
En toute hypothèse, la partie terrestre, sans être desséchée, doit cependant être assez sèche. Les tritons en phase terrestre n'aiment en effet guère les terrains trop humides.
Les plantes de la partie aquatique seront des plantes d'eau froides (en magasin d'aquariophilie ou en étangs) comme les élodées.
Eclairage
L'éclairage naturel, exclusif ou en complément, est le meilleur. Pas de soleil direct, mais proximité d'une fenêtre bien orientée.
L'éclairage doit varier en suivant les variations naturelles des régions tempérées : 8 H l'hiver, 13-14H l'été.
Température
L'été, la température doit monter à 23-25°. Ne pas dépasser 26°C. S'il fait trop chaud, les animaux estivent en s'enfouissant dans le substrat.
L'hiver, Ophryticus a besoin d'hiverner en dessous de 4°C. Le mieux est de descendre à 0°-1°, en évitant le gel. Il a besoin de cachettes souterraines (aménagez-en plusieurs) pour s'y retirer pendant l'hibernation. On peut aussi remplir la partie terrestre de mousses de forêt, pour que les animaux puissent s'y enfouir à l'abris d'un gel éventuel
Pour T. v. vittatus/cilicensis, qui vit dans des régions de plus basses altitudes, c'est à dire dans des régions plus chaudes, il ne faut pas descendre si bas. 8°c est ici le minimum. Il n'y a pas d'hibernation, mais un ralentissement du rythme de vie.
Les températures basses ci-dessus s'obtiennent en plaçant le terrarium dans une pièce froide en hiver.
N'oubliez pas de réaliser les transitions entre période chaudes et froides en quelques semaines au minimum, si vous pratiquez un chauffage artificiel.
Nourriture
Tout ce qui est carné et qui est à la taille de la bouche sera accepté : cloportes, vers de terre (laissez prospérer des colonies dans le terrarium), grillons, limaces, mouches, tebos, vers de farine, araignées...
Les insectes peuvent se trouver dans son jardin (mieux vaut alors les laver s'il y a des risques de pesticides), en animalerie, en magasins de pêche.
On peut noter une grande aptitude de ces tritons pour la chasse aux grillons.
Reproduction
On a vu qu'il ne fallait placer qu'un seul mâle par terrarium, sous peine de bagarres. Un ratio de 2 femelles pour un mâle est parfait.
ophryticus :
Pour cette sous-espèce, la reproduction est déclenchée
après une hibernation froide pendant l'hiver : les animaux sortent
de leur cachette fin mars et la reproduction commence dès le début
avril. Après l'accouplement, la femelle pond 100 à 200 œufs
dans les plantes aquatiques. Voir
une photo du couple reproducteur de l'auteur.
vittatus/cilicensis :
Pour ces 2 sous-espèces, la reproduction est déclenchée
après un été sec avec l'arrivée des pluies
et le remplissage des mares temporaires d'octobre à mars.
La ponte a lieux en janvier selon des modalités proches de celles
d'Ophryticus. Le nombre d'œufs est cependant moins important, et ceux-ci
sont souvent déposés à même le fond , sur les
cailloux, les feuilles ou éventuellement les plantes (s'il y en
a, ce qui n'est pas souvent le cas dans leur milieu naturel).
La métamorphose des larves avec branchies en jeunes avec poumons
capables de sortir de l'eau est un peu plus rapide que chez Ophryticus,
puisqu'elle doit survenir avant l'assèchement des mares fin mars..
Pour toutes les sous-espèces, l'élevage des larves est classique, à un température ambiante de 18° à 22 °c. Il est à noter que le développement est rapide, puisque la métamorphose survient en deux mois.
Les jeunes sont relativement petits au moment de la métamorphose (30 mm) quoique la taille soit assez variable d'un individu à l'autre.
Après la métamorphose, l'élevage des jeunes se fait à terre, dans un milieu assez sec, et la croissance est alors assez rapide (très variable aussi selon l'individu). Il faut apporter une nourriture abondante et aussi variée que possible. Les proies doivent être petites (microgrillons, enchytrées, vers de vase...). La maturité sexuelle peut être atteinte en deux ans, à 7cm environs. Tant qu'elle n'est pas atteinte, les juvéniles ne retournent pas ou très peu dans l'eau, et préfèrent des endroits assez secs.
Pour ces tritons, mais cela semble particulièrement vrais pour ophryticus, la principale difficulté est le retour des mâles à leur phase terrestre, en été.
En effet, les changements morphologiques et physiologiques sont tels en phase aquatique (crête énorme....) qu'il y a une dépense d'énergie incroyable lors de cette période (au printemps) consacrée à la reproduction.
Lorsque les mâles regagnent la terre au début de l'été, après la reproduction, ils sont très affaiblis et cela leur est souvent fatal. Il est alors crucial de leur fournir une nourriture très abondante et très riche. Même avec ça, la santé des mâles est alors toujours délicate. Les meilleurs résultats sont obtenus en plaçant les adultes dans des conditions semi-naturelles (bassin de jardin, enclos extérieurs).
Il semblerait que les femelles ne se reproduisent pas tous les ans
Maladies
Je n'ai pas d'info dans ce domaine. Voir cependant le chapitre plus général sur les maladies, et en particuler la partie sur les parasites.
Liens
- http://www.amphibian.co.uk/triturus_vittatus/banded.html
- De très belles photos de couples, de pontes, et de jeunes Triturus vittatus ophryticus
Personnes élevant des Triturus vittatus
- Arnaud Jamin (Francophone).
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