PARAMESOTRITON SP.
Cet article ne porte pas sur une seule espèce, mais sur un ensemble
d'espèces du même genre, originaires de Chine : Paramesotriton
chinensis, le plus connu, P fuzhongensis, très proche du précédent,
P caudopunctatus, facilement différenciable des deux précédants
et P hongkongensis, aux besoins un peu différents des trois autres
espèces.
Ces animaux, vendus généralement sous le nom générique
de "salamandre de Chine", sont prélevés directement dans la
nature et parmi les lots d'importation arrivant dans le commerce, plusieurs
espèces sont souvent mélangées. A ces espèces
qui viennent d'être citées, il convient d'ajouter pour être
complet l'espèce P guangxiensis, qui est considérée
comme un synonyme de P fuzhongensis, P deloustali qui lui est originaire
du Vietnam et P laoensis nouvellement décrit au Laos (en 2002). Ces
deux dernières espèces sont introuvables dans le commerce.
Habitat Naturel
Le Genre Paramesotriton est un Genre d'Urodèle asiatique de la famille des Salamandridés. Il s'agit d'espèces plutôt nocturnes (vivant plutôt la nuit). Ce ne sont donc pas des espèces parmi les plus spectaculaires. Même si les animaux sont visibles le jour, ce n'est pas leur moment de plus forte activité. Ils préfèrent en effet souvent rester invisibles dans leurs cachettes respectives, ne sortant que pour chercher leur nourriture.
Actuellement, six espèces ont été décrites avec une raisonnable certitude (la faune asiatique est parfois mal connue) :
- Paramesotriton caudopunctatus (espèce de montagne)
- Paramesotriton hongkongensis (espèce de plaine, qui supporte plus de chaleur et moins de froid)
- Paramesotriton chinensis (espèce de collines, à la base des montagnes)
- Paramesotriton fuzhongensis (différentiation avec chinensis difficile, même maintenance)
- Paramesotriton guangxiensis a été décrit, mais est aujourd'hui considéré comme synonyme de fuzhongensis
- Paramesotriton deloustali (espèce non chinoise, originaire du nord-Vietnam et introuvable dans le commerce)
- Paramesotriton laoensis ( espèce non chinoise, originaire du laos, bassins calmes des ruisseaux - décrite en 2002).
Les animaux vivent essentiellement dans les bassins calmes des ruisseaux. Cela implique 2 choses :
- Que les animaux préfèrent les eaux calmes pas trop brassées.
- Que les animaux aiment des eaux fraîches et propres.
Répartition des espèces :
- Paramesotriton caudopunctatus en violet
- Paramesotriton fuzhongensis non indiqué ici (mal connu), mais
géographiquement proche de P caudopunctatus, quoiqu'à
des altitudes souvent plus basses
- Paramesotriton chinensis en rose.
- Paramesotriton hongkongensis en rouge
- Paramesotriton deloustali non indiqué ici. Vit au nord-Vietnam.
La localité type est à 60 km au Nord-Ouest d'Hanoi, à
900m d'altitude
Cliquez dessus pour agrandir la carte.
Description des espèces
1) Paramesotriton chinensis
- Seule l'arrête dorsale est bien nette. Les flancs sont plus arrondis
et moins anguleux que chez P hongkongensis.
- Le ventre est couvert de tâches ou points rouges-orangés, de
tailles variables.
- L'arrière de la queue des femelles est entièrement noire.
- Présence de tâches jaunes, surtout chez les jeunes.
- Taille : 15 cm.
2) Paramesotriton fuzhongensis
- L'animal est très dur à différencier de P chinensis,
auquel il ressemble énormément. La peau est plus granuleuse
et le dos plus uniformément marron. Mais pratiquement, il faudrait connaître
l'origine géographique des animaux importés (ce qui est quasi
impossible à obtenir) pour avoir une certitude.
- Pas de jaune sur les flancs mais des tâches ventrales rouges - orangées.
- L'arrière de la queue des femelles n'est pas entièrement foncé.
Paramesotriton fuzhongensis. Le dessin du ventre est le même que chez P chinensis
Paramesotriton fuzhongensis vu de trois quart avant. Cliquez sur cette photo pour l'agrandir.
Voir photo d'un
mâle.
Voir photo
d'une femelle.
Voir la photo
d'un individu, mettant en évidence les rugosités de la peau.
3) Paramesotriton caudopunctatus
- Seule l'arrête dorsale est bien nette, et légèrement
colorée en orangé. Les flancs sont plus arrondis et moins anguleux
que chez P hongkongensis.
- Le ventre montre deux lignes noires assez grossières, parsemées
de pointillés noirs sur fond rouge-orangé. On obtient donc jamais
des points ou tâches rouges.
- Taille : 15 cm.
4) Paramesotriton deloustali
- Taille : 20 cm.
- Grande espèce aux tâches rouges ventrales très
étendues.
5) Paramesotriton hongkongensis
- Non seulement l'arrête dorsale, mais aussi la ligne des côtes,
montrent une arête bien nette.
- La peau est beaucoup plus lisse que chez P.chinensis et P.fuzhongensis.
- Le ventre est couvert de tâches ou points rouges-orangés, de
tailles variables.
- Taille : 15 cm.
Terrarium
Les Paramesotriton étant très aquatiques, un aquarium sans
zone émergée peut suffire. Il est cependant préférable
de prévoir une petite île, ou un radeau flottant, au cas ou nos
pensionnaires voudraient sortir de l'eau, ce qui peut leur arriver ponctuellement.
On peut aussi installer un véritable aquaterrarium, mais la partie
aquatique devra rester dominante (au moins 75%).
Que l'on maintienne ses Paramesotriton dans un terrarium ou
un aquaterrarium, la profondeur de la partie aquatique doit être au
moins de 15 cm à 20 cm.
L'aquarium devra faire 60 cm (long) X 40 cm (larg) X 40 cm (haut) pour un couple.
Il faudra aussi beaucoup de cachettes, tant dans la partie
terrestre (si elle existe) que dans l'aquatique. Les cachettes peuvent
être à base de rocher, de briques creuses, de plaques d'ardoise,
de racines comme celles qu'on trouve dans les magasins d'aquariophilie.
Mais des plantations abondantes de mousses de java (Vésicularia
dubyana), d'élodée ou de Fontinalis (mousse aquatique)
augmentent le nombre de cachettes.
Celles-ci sont indispensables, car le comportement intra-spécifique
(entre membres de la même espèce) n'est pas toujours très
bon, et est même exécrable entre mâles (voir chapitre
sur la reproduction). Il est donc indispensable que les animaux puissent
se soustraire aux regards de leurs compagnons à certains moments.
Les briques creuses offrent les abris les plus efficaces et les plus nombreux, où chaque animal peut trouver son emplacement privilégié, à l'abri de l'agression de ses congénères.
L'eau doit être propre et bien filtrée, comme dans un torrent de montagne. Il convient donc de mettre en place un filtre, mais aussi de changer régulièrement l'eau de l'aquarium. A titre indicatif, on peu changer 50% de l'eau par quinzaine.
Le sol peut-être en gravier grossier.
Eclairages
Les 5 espèces décrites dans cet article sont plutôt nocturnes (elles sont plus actives la nuit). Du point de vue des Paramesotritons, l'éclairage n'a donc rien d'indispensable, et la lumière du jour peut suffire. Si des plantes sont installées dans le terrarium, une lumière artificielle pas trop violente sera nécessaire, et de toute façon beaucoup plus esthétique.
Pour la reproduction mieux vaut faire varier les durées d'éclairage en suivant le rythme des saisons : de13H l'été à 9H l'hiver.
Températures
P caudopunctatus ; P.chinensis ; P.fuzhongensis : ces Paramesotriton viennent de zones montagneuses ou de collines fraîches. On peut donc qualifier leur climat habituel de tempéré froid.
La température de leur bac doit rester aux alentour de 20°C l'été. Elle pourra atteindre 24°C si la durée ne dépasse pas une semaine ou deux.
L'hiver, par contre, les températures peuvent descendre assez bas, aux alentours de 5°C. Les animaux doivent donc être maintenus dans une pièce fraîche non chauffée, ou une cave.
Il n'y a pas vraiment d'hibernation pour ces animaux, mais la baisse des températures à l'automne provoque l'apparition des caractères sexuels secondaires et les accouplements se font l'hiver et au début du printemps. Attention, il ne faut pas changer les animaux de bac lors de leur refroidissement, car ces animaux sont très territoriaux. Les changer de territoire et de cachettes représente un stress énorme. Un bac étant difficile à déplacer, il faut donc bien réfléchir à son emplacement lors de son installation, en intégrant le problème des températures hiver / été.
La transition entre la température d'hiver et celle d'été doit se faire progressivement. L'idéal est de laisser faire les changements naturels des températures, à l'automne et au printemps.
P.hongkongensis : cette espèce est l'exception par rapport
aux autres. Son climat d'origine se caractérise par l'influence de
la mousson : arrivée des pluies au printemps avec réchauffement
des températures, plus ou moins tempéré par l'altitude.
Globalement, notre climat tempéré océanique leur convient,
avec le réchauffement des températures au printemps.
Cette espèce supporte des températures un peu plus élevées
l'été (25°C) et l'hiver on ne doit descendre qu'aux
alentours de15°C , éventuellement 10°C pendant une courte période.
Cela en fait la seule espèce du genre à s'acclimater correctement
aux conditions qu'on peut lui offrir dans une maison ou un appartement
pas trop surchauffé l'hiver.
Nourriture
Les animaux sont très voraces, mais il ne faut pas sur-nourrir, car les Paramesotritons proviennent de ruisseaux relativement pauvres en nourriture.
Les vers de terre sont une bonne base pour nourrir ces tritons. En effet c'est une nourriture de bonne qualité, et assez facile à se procurer, grâce aux magasins de pêche.
On peut diversifier la nourriture, pour éviter la monotonie et d'éventuelles carences alimentaires, en donnant n'importe quel insecte adapté à la taille de la bouche. Les vers de vase qu'on trouve en magasin d'aquariophilie sont également un bon complément. Les Paramesotritons peuvent s'habituer sans problèmes à de la nourriture inerte comme des tranches de viande ou de poisson, et même à des granulés pour poissons (ceux qui coulent au fond de l'eau). On peut les concentrer à certains endroits, pour faciliter leur découverte et leur consommation.
Les gammares (petites crevettes de ruisseaux) et les aselles (points d'eau de forêt) sont aussi de bons compléments à récolter soi même. En effet, ces crustacés sont riches en chitine (ce qui est bon pour la croissance osseuse) et en carotène (ce qui est bon pour la coloration).
Reproduction
Les mâles ne peuvent être maintenus ensemble : le plus fort finira par tuer son ou ses rivaux. Même les relations femelles-femelles ou mâles-femelles sont parfois difficiles.
Un combat entre 2 P.fuzhongensis
Cliquez sur la photo pour l'agrandir
Il faut maintenir un mâle avec une femelle, ou un mâle avec deux femelles.
Il serait donc important de pouvoir différencier les mâles des femelles au moment de l'achat, malheureusement cela est rarement aisé, sauf pour les P caudopunctatus chez qui le mâle possède toujours une tâche claire à l'extrémité de la queue.
Pour avoir un couple ou un trio, il faut alors se résoudre à
acheter un petit groupe d'animaux : 5 ou 6 et attendre l'automne et la baisse
des températures pour voir l'apparition des caractères sexuels
secondaires. Cette méthode permet aussi d'anticiper les risques de perte pendant
la quarantaine qui dépassent souvent 50% des animaux.
Et si par chance, il vous reste deux mâles, vous trouverez bien quelqu'un
à qui confier un animal qui est bien acclimaté, sinon prévoyez
un deuxième aquarium !
Sexage (différenciation des mâles et des femelles) :
- Chez P caudopunctatus, le mâle a toujours une tâche claire
à l'extrémité de la queue. C'est la seule espèce
avec une différenciation sexuelle simple et permanente.
En dehors de celle-ci, il existe chez toutes les espèces des différences
saisonnières liées à la reproduction.
- Les mâles matures et en période d'activité sexuelle
ont un cloaque (l'orifice commun regroupant anus, urètre et organes sexuels) plus gros
que celui des femelles.
Deux P. caudopunctatus en période de reproductions. Le mâle est
à droite, et a un cloaque plus gros (à la jonction des pattes de derrière
et de la queue).
- Le mâle acquière à la saison de reproduction une ligne claire sur le coté de la queue.
Une femelle de P. caudopunctatus. La ligne dorsale permanente propre à
cette espèce se voit clairement. Le cloaque est plus petit que chez un mâle
(en saison de reproduction).
Voir
un couple de P.caudopunctatus - Le mâle est à droite.
La période d'accouplement commence en automne, déclenchée par la baisse des températures, lorsque l'eau descend au-dessous de 14°C (sauf P.Hongkongensis, pour lequel la température de déclenchement est entre 15 et 18°C).
Pendant la période d'accouplement, le mâle se livre à des parades devant la femelle ressemblant beaucoup aux parades des tritons appartenant au genre cousin des Triturus. Le Mâle fait vibrer sa queue repliée face à la femelle.
Couple de P caudopunctatus en parade. La mâle est à droite. On voit la queue repliée du mâle, typique de la parade amoureuse.
Cliquez sur la photo pour l'agrandir.
Après la parade, le mâle va déposer un spermatophore
sur le sol ou un rocher. Il s'agit d'un petit cône de gelée contenant
le sperme du mâle. Si la femelle a accepté les avances du mâle,
elle introduit alors le spermatophore dans son cloaque, fécondant
ainsi ses ovules.
Au printemps, lorsque la température de l'eau s'élève
et que la durée des jours augmente, les femelles vont pondre leurs
œufs dans les plantes aquatiques. Dans le cas de P.caudopunctatus, les pontes
se font plutôt entre les rochers, et parfois dans les plantes.
La femelle surveille ses oeufs, ce qui rapproche les Paramesotritons du genre
voisin Pachytriton..
Mieux vaut alors retirer les œufs, pour éviter que les adultes ne
les mangent ou ne dévorent leurs larves à la naissance. On
peut essayer de maintenir les œufs dans une eau à 20°C (22-24°C
pour P. hongkongensis) et bien oxygénée.
Après leur naissance, les larves sont assez délicates, et les
détails de leur élevage ne sont pas encore bien maîtrisés.
La nourriture est constituée de petites proies vivantes type plancton
de mare, nauplies d'artémia (voir leur élevage sur la partie "nourritures
vivantes" de la FAQ aquariophile).
Une solution qui marche pour les axolotls est éventuellement à
tenter (?) : elle consiste à placer un petit aquarium ou un gros
seau à l'extérieur quelques semaines avant la naissance
des têtards (attention à la surchauffe, ne pas exposer au
soleil direct). Ce récipient doit contenir des plantes aquatiques,
éventuellement un substrat. On peut l'ensemencer avec de l'eau
d'une mare, mais ce n'est pas indispensable. Une micro-faune s'y développe.
Les larves à peine écloses ou mieux, juste avant l'éclosion,
sont placées dans ce bac, et y trouvent naturellement leur nourriture.
Attention, plus elles grandissent, moins elles trouveront de la nourriture.Quand
elles ont suffisamment grandi, après apparition des pattes(les
pattes antérieures apparaissent en premier), on peut progressivement
essayer d'habituer les larves à des nourritures inertes de petite
taille.
Lorsque les 4 pattes sont apparues et que les larves atteignent la taille de 35 mm environ, les jeunes sont en passe d'acquérir leurs poumons. Cette phase est toujours délicate, et il faut placer les larves prêtes à se métamorphoser dans un aquaterrarium avec assez peu d'eau, et une grande facilité pour venir à terre. Faute de quoi, les jeunes se noieront.
Après leur transformation, les jeunes passent par une phase entièrement terrestre d'au moins deux ans. Il faut alors les maintenir dans un terrarium avec un petit bassin. La nourriture idéale est alors à base de microvers, microgrillons et drosophiles. Au bout de 2 ans, ou dès que les jeunes commencent à augmenter le temps passé dans l'eau, il faut les transférer dans un aquarium ou un aquaterrarium comme décrit au chapitre "terrarium".
Maladies
Il y a souvent des problèmes de peau chez les spécimens importés,
du fait des mauvaises conditions de maintenance, de la surpopulation, des
températures de transport trop élevées,…). Pour traiter,
il faut désinfecter les plaies (chlorexidine - bleu de méthylène).
Voir aussi le chapitre plus général sur les
maladies, et en particulier la partie sur les parasites
.
Personnes maintenant des Paramesotriton
Liens
- Photos de nombreux urodèles de chine.
- Maintenance de P. hongkongensis
- La Partie du site "Living Under World" consacrée aux Paramesotriton
- Le témoignage de Xavier sur la maintenance de P. hongkongensis
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