NECTURUS MACULOSUS


 

Merci à Ludovic DIDIER (1er photo, de M.Kawamura), et à R.Sajdak (2èm photo).


Voir un dessin de necture.

Habitat Naturel

Les nectures sont appelés par les Américains Mudpuppie ou Waterdog.

Necturus maculosus est un membre d'une des plus petites des 9 familles de caudata (ou urodèles) : les proteidés. Il existe 6 espèces de proteidés. L'une de ces espèces est européenne. C'est l'étrange et merveilleux protée anguillard (Proteus anguinus), animal néoténique (conservant des branchies toute sa vie, et ne pouvant donc sortir de l'eau), blanc, vivant dans les eaux souterraines des régions côtières de la Slovénie et de la Croatie. Le protée est adapté à une vie de famine et de cécité dans les eaux pures, pauvres en nourriture et sans aucune lumière des grottes de la région.

Les 5 autres espèces de proteidés sont les nectures américains. Quoique moins extrémistes dans leurs adaptations que le protée, les nectures sont également une exception au sein des salamandres, puisqu'ils sont strictement néoténiques. Comme tous les têtards de salamandres, les têtards de nectures ont des branchies externes, déployées en plumeaux spectaculaires sur les côtés de la tête. Contrairement aux autres têtards, ils ne les perdent pas à l'âge adulte, et ne développent jamais de poumons. Ils ressemblent de ce fait superficiellement à l'axolotl, animal dont la vie est également aquatique. Cette ressemblance n'est cependant qu'apparente, et les Ambystoma (famille des axolotls) ne sont que lointainement apparentés aux proteidés. Même les axolotls, par exemple, peuvent perdre parfois leurs branchies et sortir de l'eau. Ce type de situation ne se rencontre jamais chez les proteidés.

Il est à noter que le regroupement du protée et des nectures au sein d'une même famille biologique est contesté. Certains scientifiques pensent que ces animaux ne se ressemblent que par convergence évolutive. Ce point devrait être réglé par des analyses génétiques permettant d'éclaircir les relations de parentés exactes entre ces animaux.

Voici les 5 espèces de nectures américaines (les scientifiques ne s'entendent pas forcément sur le nombre d'espèces) :

L'animal étudié dans cet article est le Necturus maculosus. Les 4 autres espèces vivent dans de petites régions et se ne se trouvent pas (ou très peu) dans le commerce. Leurs modes de vie sont cependant similaires. Seule la température de l'eau de ces espèces plus petites et plus "sudistes" doit être un peu plus élevée.

Les nectures vivent dans des lacs, des étangs et des rivières. Un certain courant ne leur fait pas peur, sans être vraiement indispensable. Les conditions de maintenance et de reproduction relèvent donc beaucoup plus de l'aquariophilie que de la terrariophilie au sens strict.

Les nectures ont 4 doigts à chaque pieds. Ceux-ci sont de petite taille et ne sont pas utilisés pendant la nage. La queue est courte, puisqu'elle ne fait qu'1/3 de la longueur de l'animal, mais très forte. L'apparence est donc bizarrement disproportionnée pour les gens habitués à des tritons et des salamandres plus "classiques", dont la queue fait plutôt la moitié du corps. Voir un dessin de necture.

Les nectures sont plutôt nocturnes, encore qu'ils puissent être actifs dans la journée dans des eaux peu éclairées. Ils sont plus actifs que des animaux comme l'axolotl, qui ne bougent guère.

Terrarium

Il s'agit en fait d'un aquarium. Bien que dans la nature le necture tâcheté puisse atteindre 40 voir 48 cm, il reste souvent aux alentours de 25-30 cm en aquarium. Les individus sont plutôt solitaires et territoriaux dans la nature, et il leur faut donc un bon espace de nage, sous peine de conflits. 50 L par individu semble un minimum, et 200 L par individu est un optimal.

Les nectures aiment les cachettes. Celles-ci sont encore plus indispensables si l'aquarium est éclairé. Elles réduisent aussi les conflits entre individus. Grottes, racines, plantes, pierres peuvent former de telles cachettes, qui doivent être très nombreuses. Attention à ne pas mettre de pierres trop coupantes, de grottes trop étroites ou un animal pourrait se coincer, ou de grottes en équilibre instable susceptibles de s'effondrer. Des racines arrondies et pas trop torturées ne posent pas de problème pour la décoration.

Le substrat peut être en n'importe quel sable ou gravier aquariophile non coupant. Les nectures sont en effet des animaux vivant sur le fonds. Ils ne faut pas qu'ils puissent se blesser.

La filtration doit être sérieuse : les nectures sont de gros mangeurs, et produisent de grosses quantités de déchets. Or, ils aiment (et ont besoin) d'une eau propre. Une filtration importante et des changements d'eau fréquents (20% / semaine) semblent s'imposer.

Les nectures ont besoin d'une eau bien oxygénée. Les pompes à air aquariophiles ne sont pas indispensables si le rejet du filtre se fait en surface et assure un bon brassage, ou si de nombreuses plantes oxygènent l'eau.
Les nectures n'aimant pas la lumière, au contraire des plantes, réaliser un bac planté est cependant délicat. On peut tenter l'expérience suivante : une bonne lumière, associée à des plantes de surface nombreuses (Ceratopteris, Ceratophylum, jacintes d'eau, petits nénuphars, ... Voir les plantes pour bassin d'eau froide). Ces plantes tamiseront fortement la lumière, tout en oxygénant l'eau. On peut alors placer au fond de l'eau des plantes ombrophiles à croissance lente (Anubia, Cryptocoryne wendtii, Microsorum pteropus,...). Ces plantes, dont la pousse est possible mais délicate en eau froide, ne sont alors que décoratives. Leur capacité d'oxygénation de l'eau est faible (pousse lente).
On note dans la nature que les animaux vivants dans les eaux mal oxygénées ont des branchies plus développées.

Compte tenu de leurs préférences en température, on peut parfaitement placer ses nectures dans un bassin de jardin (voire le chapitre sur les températures). Attention à ne pas permettre des évasions dans la nature. Leur présence pourrait déséquilibrer un biotope.
Le bassin devra avoir un volume suffisant, tant pour les animaux que pour éviter de grosses variations de température. Il faut aussi que s'y trouvent les petits animaux sauvages (larves de moustiques, gamarres, poissons, ...) qui nourriront les nectures.

Eclairage

Les nectures n'aiment pas la lumière. Si les plantes ou l'esthétique comptent peu, on peut parfaitement ne pas éclairer.

Température

La température doit être fraîche. Pour la variété nominale N.maculosus maculosus, plus nordique, la température doit rester aux alentours de 16-17°. On peut passer par une phase froide à 5-10°, plus proche de ce qui se passe dans la nature. J'ignore si cela est nécessaire pour la reproduction en captivité, mais on peut le supposer.
Il est à noter que les nectures sont encore actifs sous une couche de glace. On ne peut donc pas parler d'hibernation.
Pour la variété sudiste N.maculosus louisianensis, il est probable que des températures plus élevées sont nécessaires.

Nourriture

Tout ce qui est carné et qui est à la taille de la bouche sera accepté : mouches, tebos, vers de farine, grillons, araignées, papillons, vers de terre, gamarres, daphnies, têtards, morceaux de viande, morceaux de poisson, morceaux de crevettes, granulés à discus, à cichlidés ou à truites, petits poissons vivants, écrevisses vivantes (ces dernières représenteraient une source de nourriture importante dans la nature. Nourrir en partie avec de grosses crevettes achetées en poissonnerie serait donc une bonne idée). Mr le Cam, un amateur français, rapporte qu'il nourrit ses nectures épisodiquement avec des morceaux de viande posés au fonds de l'aquarium (2 M pour 3 individus - spacieux !). Ces morceaux sont repérés et ingérés sans problème.
Les insectes peuvent se trouver dans son jardin (mieux vaut alors les laver s'il y a des risques de pesticides), en animalerie, en magasin de pêche.

Les nectures habitués à la nourriture vivante doivent d'abord être habitués aux nourritures inertes.

Les granulés à poissons du commerce sont aujourd'hui bien équilibrés. Si on a recours à une nourriture congelée ou vivante, il faut par contre apporter une variété maximale, pour éviter les carences. Ou y ajouter des vitamines (attention cependant à l'hypervitaminose).
Il parait que les granulés pour truite contiennent des antifongiques et des antibactériens, ce qui diminuerait les risques de maladies.

Reproduction

La reproduction a été obtenue en captivité.
Mâles et femelles sont difficiles à différencier. Le mâle a un cloaque avec deux papilles proéminentes et dirigées vers l'arrière.
Les parades amoureuses ont lieu à l'automne, et, pour certaines populations, en hiver. Une eau agitée par un certain courant serait une stimulation à la reproduction.
La fertilisation de la femelle est interne, ce qui signifie que la femelle ne dépose pas des œufs qui sont ensuite arrosés par le sperme du mâle (fertilisation externe), mais introduit le sperme du mâle dans son corps, ou les œufs commencent alors leur développement. Le sperme est déposé par le mâle sur le substrat, sous forme de spermatophore (une masse de gelée contenant les spermatozoïdes). Le spermatophore est introduit par la femelle dans son cloaque.

La ponte a lieu au début du printemps, dans des eaux calmes. La femelle creuse des cavité dans le gravier sous les roche ou les racines. Celles-ci doivent donc être stables, sous peine de les voir se renverser, écrasant l'animal ou brisant une vitre de l'aquarium.
Les œufs sont attachés un par un sur le plafond des petites cavités creusées, mais aussi sous de simples débris, coquillages, etc...
On voit la aussi l'importance d'un grand nombre de cachettes et d'accidents de terrain dans l'aquarium.
La femelle garde sa ponte jusqu'à l'éclosion de celle-ci. Les œufs sont de grosses tailles : 0,5 à 1 cm de diamètre. Ils sont en nombre très variables, de 20 à 200. Selon la température de l'eau, ils éclosent en 4 à 8 semaines, et les larves font un peu plus de 2 cm.

On peut nourrir les larves avec de petits insectes, des daphnies, des artémia (voir leur élevage sur  la partie "nourritures vivantes" de la FAQ aquariophile). On peut aussi essayer tout de suite les nourritures inertes (finement hachées), les vers de vase...
Une solution simple trouvée dans la liste terrariophile (pour les axolotls) consisterait à placer un petit aquarium ou un gros seau à l'extérieur une ou deux semaine avant la naissance des têtards. Ce récipient doit contenir des plantes aquatiques, éventuellement un substrat. On peut l'ensemencer avec de l'eau d'une mare, mais ce n'est pas indispensable. Une micro-faune s'y développe. Les têtards à peine éclos sont placés dans ce bac, et y trouvent naturellement leur nourriture. Attention, plus ils grandissent, moins ils trouveront de la nourriture.

Les jeunes ont des bandes noires et jaunes dans le sens de la longueur jusqu'à 2 ans révolus. Ils grossissent de 3 cm par an et atteignent leur maturité sexuelle vers 5 ans.

Maladies

Je n'ai pas d'info dans ce domaine. Voir cependant le chapitre plus général sur les maladies, et en particuler la partie sur les parasites. Voir aussi la partie "maladie" de l'article sur les axolotls.

Liens

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