KALOULA PULCHRA
Habitat Naturel
Deux sous espèces semblent être couramment importées
dans notre contrée, mais je ne connais malheureusement pas leurs
noms. Il existe cependant des différences claires entre celles-ci
: la plus fréquemment vendue a une robe très contrastée,
avec le dos marron foncé et des bandes beiges très nettes
(photos ci-dessus). L'autre, plus rare, possède une robe bien moins
contrastée et plus « rougeâtre ».
Un complément de Karim Daoues, de La
Ferme Tropicale :
"Je ne pense pas qu'il y ai de sous-espèce, car les animaux capturés dans la même région ont parfois la différentiation expliquée ci-dessus. Les principaux pays exportateurs sont la Malaisie et le Vietnam."
Les kaloula font partie de la famille des Microhylidés, famille qui est largement distribuée à travers le monde (continents asiatique et africain) et dont certains membres sont célèbres dans le monde terrariophile : c'est le cas de Phrynomerus bifasciatus, ou de la très appréciée Scaphiophryne.
Noms courants : «crapaud buffle », « discoglosse(?) asiatique », « grenouille peinte d'Asie ».Autant de noms vernaculaires imprécis. Les noms anglais sont plus clairs : « painted chubby frog »( grenouille peinte joufflue - ce qui traduit très bien l'aspect physique de cet animal), ou « malaysian painted frog » (grenouille peinte malaise).
Cette grosse grenouille d'une dizaine de centimètres (un peu moins pour les mâles), est originaire de l'asie du sud-est, et plus particulièrement de Malaisie. Elle y vit normalement dans l'humus des forêts humides, ou elle aime se dissimuler et s'enfouir. Mais les Kaloula sont des animaux cosmopolites, et on les trouvent également très facilement dans les établissements humains : il n'est pas rare de trouver des kaloula dans les jardins ou même dans les habitations malaises, si le niveau d'hygrométrie leur convient.
C'est un animal nocturne, ne sortant à la nuit tombée que pour se nourrir.
L'animal ne correspond pas vraiment au critères de beauté
de nos chères rainettes : Kaloula pulchra est un animal «
rond », un peu comme les Ceratophrys, et certaines femelles méritent
particulièrement leur surnom anglais de « grenouille joufflue
».
La robe peut être très contrastée en fonction de
la sous espèce représentée : le dos est marron (très)
foncé, taché de noir. Le ventre est blanc-grisâtre,
et une longue bande beige claire court des yeux jusqu'aux pattes arrières.
Les pattes avant et arrière sont frêles. Les pattes postérieures
sont pourvues de «couteaux » (appendices cornés) qui
permettent à l' animal de fouir rapidement. La tête est petite
et les yeux à pupilles horizontales sont proéminents. Une
autre sous espèce est quelquefois importée : sa robe est
bien moins contrastée (les bandes sont moins apparentes et le dos
plus clair). L' ensemble de la robe est plus « rougeâtre ».
Kaloula pulchra est un animal fortement fouisseur. Les Kaloula pulchra
tenteront de s'enfouir dans n'importe quel substrat mis à leur disposition.
C'est un animal relativement timide qui, une fois dérangé,
ne saute pas mais courre à la manière des kassines.
Cris : il justifie parfaitement le surnom de « crapaud buffle ». En effet, le chant, peu fréquent, ressemble à un court meuglement, d'intensité sonore élevée. Les animaux ne chantent qu'une fois placés dans la plus totale des pénombres. Les kaloula ne possèdent un seul sac vocal.
Terrarium
Mes quatre kaloula adultes, deux mâles et deux femelles, semblent parfaitement heureuses dans un bac de dimensions 100x30x50 cm. Elles y sont de plus placées avec d'autres animaux. Un terrarium un peu plus petit peut donc être envisagé pour des animaux vivant exclusivement entre eux.
Le substrat est un terreau sans engrais ni additifs (les batraciens
sont très sensibles aux produits chimiques). On peut aussi utiliser
un sable de granulométrie élevée (quartz). La terre
de forêt doit être un excellent substrat pour les kaloula,
mais je n'ai jamais tenté l'expérience.
Ce terreau ou ce sable doivent être aérés en les
mélangeant avec de la mousse fragmentée.
Le substrat doit être d'une hauteur d'au moins 7 cm.
Il n'a pas besoin d'être changé très fréquemment,
car les kaloulas ne sont pas de gros producteurs de déchets. Si
la surface au sol est importante et que l'aération est bonne, le
terreau pourra être changé tous les deux mois, voir plus.
Un éventuel passage du terreau au four pour le stériliser
est normalement inutile, sauf si le substrat est vraiment détrempé
et contaminé par des champignons ou des bactéries.
Si le terrarium n'est pas très bien aéré, il est préférable d'utiliser du sable de quartz d'importante granulométrie (entre 3 et 5 mm). Certains amateurs pensent certes qu'un tel substrat est irritant pour la peau de ces batraciens, mais pendant la période durant laquelle j'ai utilisé un tel substrat, je n'ai pas pu observer un quelconque signe d'irritation sur mes animaux.
Quelques cachettes sont souhaitables, pour permettre aux animaux de passer leurs journées au calme.
Les Kaloula aiment bien prendre un bain de temps en temps, mais il ne
faut pas perdre de vue le fait que ces animaux sont fouisseurs : ils sont
donc toujours couverts de terre. Ils ont donc besoin d'un peu d'eau, qui
devra être changée souvent puisqu'ils la salissent très
vite.
N'étant pas aquatiques, les Kaloula pulchra n'ont pas besoin
d'une grande partie aquatique. L'option de la « soucoupe amovible»
permet un changement d'eau fréquent.
La profondeur de celle-ci ne doit pas être très importante,
de l'ordre de 3-4 cm. Les kaloula sont en effet de très mauvaises
nageuses.
Sous la couche de terreau, et sur une profondeur de quelques centimètres, des gravillons servent de drain en cas de débordement de la soucoupe.
Les relations intra et inter-spécifiques sont excellentes : les kaloula peuvent être logées avec des animaux bien plus petits : j'ai pu constater que des animaux qui se faisaient attaquer par des Bombinas (bébés Pseudotritons) n'étaient pas agressés par les Kaloula.
Les plantes ne sont pas indispensables. Les Kaloula sont en effet des
animaux fouisseurs et non arboricoles. Leur éventuelle présence
dans le terrarium sera donc essentiellement esthétique. Elle peut
aussi aider les Kaloula à se cacher pendant la journée. Il
peut leur arriver quelquefois de grimper, maladroitement, sur les branchages
des Hyla caerula qui se trouvent avec elles dans le terrarium.
Les plantes classiques (pilea, etc..) feront très bien l'affaire.
L'hygrométrie doit être importante, de l'ordre de 80%. Il faut régulièrement humecter le substrat, tout en veillant à ce que celui-ci ne soit pas détrempé. Les kaloula peuvent supporter des périodes d'importante sécheresse, mais celles-ci ne doivent pas se prolonger outre mesure.
Le couvercle du terrarium ne semble pas obligatoire si le rebord est suffisamment haut, car les kaloula sont de très mauvaises grimpeuses, mais il y a toujours un risque. Si on choisi l'option de la sécurité et donc du couvercle, celui-ci devra être intégralement grillagé, afin d'éviter une atmosphère confinée préjudiciable à la santé des animaux.
Eclairage
Les Kaloula sont des grenouilles essentiellement nocturnes (vivant
la nuit). Un éclairage n'est donc pas nécessaire (sauf si
des plantes se trouvent dans le bac pour des raisons esthétiques).
Il faudra alors des zones d'ombres pour les grenouilles, et une intensité
pas trop forte. N'oubliez pas que les Kaloula sont des grenouilles forestières.
Personnellement, je n'éclaire que lorsqu'il ne fait pas assez
jour dans la pièce ou est placé le terrarium, et encore,
surtout pour les autres animaux présents à l'intérieur,
comme Hyla caerula.
En cas d'éclairage artificiel, une durée d'environ 10 heures semble satisfaisante.
En tant qu'animal tropical, Kaloula pulchra ne doit pas avoir besoin d'une variation saisonnière de l'éclairage. Mon terrarium est cependant en pratique soumis au rythme saisonnier de l'éclairage solaire de ma région (Alpes maritimes), sans inconvénient remarqué. Soit l'hiver 8-10 heures et l'été 12 heures.
Température
Le terrarium doit présenter des variations thermiques selon
les zones. Cela permet aux animaux de choisir leur température préférée.
Pour ma part, je chauffe le bac avec une petite plaque chauffante (attention
au câbles chauffants, les animaux fouisseurs peuvent facilement rentrer
en contact avec le câble et se brûler avec celui-ci. La plaque
chauffante, placée sous le fond du terrarium, paraît plus
sur). Cette plaque donne un point chaud à environ 30 degrés.
Les animaux pratiquent la thermorégulation, et se placeront dans
le terrarium en fonction de la température qu'ils souhaitent acquérir.
Le terrarium étant surtout soumis à la température
externe, la température moyenne de la journée est d'environ
26 degrés, et celle de la nuit d'environs 22 degrés.
Pour un animal vivant sous les tropiques, la température varie
peu selon les saisons, avec cependant une saison des pluies un peu plus
fraîche.
Chez moi, en été, le chauffage est coupé si la
pièce est durablement au dessus de 25°, et ce afin d'éviter
une surchauffe. L'été, la température dans le terrarium
est a peu prés égale a 30 degrés (dans l' ensemble
du terrarium), et l'hiver, à 26-25 degrés (avec un point
chaud à 30°)..
Nourriture
Les kaloula sont voraces et ont même une préférence
pour certains insectes ! Les animaux attrapant les insectes avec leur longue
langue (comme les crapauds communs), il ne faut pas que ceux-ci soit de
tailles trop importantes : grillons (très appréciés),
vers de farine (les kaloula préfèrent bien plus les imagos
adultes a leurs larves, qui sont aussi plus difficilement attrapées),
diptères (de grande taille) et petits coléoptères.
On peut élever ces petites bêtes (voir la partie «nourritures
vivantes»), ou les acheter dans des magasins de terrariophilie,
voir dans des magasins de pèche pour certaines.
Un complexe vitaminé ne semble pas utile, mais une petite dose de temps en temps ne peut que leur faire du bien.
Le nourrissage à la main n'est pas aisé et il est difficile de leur faire accepter des nourritures inertes (viande hachée ou autre...).
Les kaloula doivent être nourris en début de soirée : les animaux sortiront d'eux même de leur cachette ou autre terrier s'ils ont faim. Les insectes doivent être présentés en grande quantité . Il est probable que les nouveaux arrivants mettent un certain temps avant de se nourrir (jusqu'à deux semaines), mais tout rentrera rapidement dans l'ordre si les animaux sont « au calme ». Le plus souvent, ce sont les femelles qui, plus curieuses, s'alimenteront les premières.
Reproduction
Je n'ai malheureusement pas encore réussi a reproduire ces intéressants animaux, ni entendu parler d'éventuelles naissances en captivité.Cependant, voici quelques informations.
Les mâles peuvent être très facilement distingués
des femelles : en plus d'être de taille moindre, les mâles
ont une coloration noire sur la gorge alors que la gorge des femelles est
blanche (certaines femelles présentent aussi des taches blanches
au niveau de la croupe, taches que les mâles ne possèdent
pas).
J'ai de plus pu observer un fait qui peut paraître important
: après un nettoyage complet du terrarium et un changement important
du décor, les mâles se mettent a chanter bien plus fréquemment
qu'ils ne le font habituellement. Il semblerait donc qu'un changement d'environnement
stimule les kaloula.
A propos de l'efficacité d'un changement de milieu, Jean-Marc Costecalde nous apporte quelques précisions :
"Je me souviens avoir lu, dans une revue americaine un auteur qui preconisait de sortir le couple de son aquarium habituel pour le mettre dans un aquarium de reproduction (équivalent a un changement d'environnement ?).
Mais surtout, l'auteur preconisait de mettre le retour d'un filtre externe d'aquarium (le tube avec la rangee de petits trous) 15 cm au dessus de la surface de l'eau de maniere a faire un bruit de pluie / chute d'eau."
D'après certains auteurs renommés, la reproduction des kaloulas serait possible si l'on arrive à recréer une saison des pluies : les animaux doivent être placés dans un grand bac comportant une grande partie aquatique dont la profondeur n' excède pas les 7 cm. Une légère chute de température doit être observée et des pulvérisations d'eau fréquentes doivent être pratiquées.(la partie terrestre doit être facilement accessible aux animaux). Les accouplements sont furtifs.
Un complément de Karim Daoues, de La Ferme Tropicale :
"La reproduction à lieu après les deux premières semaines de pluie, lors de forte précipitation espacées de moment de beau temps. Comme chez beaucoup de Mircohylidaes, le couple reste collé par une puissante sécrétion durant toute la saison de reproduction; ATTENTION, il ne faut surtout pas essayer de les décoller, la peau pourrai alors se déchirer."
J'ai récemment fait une expérience, en plaçant mes animaux dans un bac plus petit (pour faciliter les rencontres), avec une grande proportion pour la partie aquatique : un couple s'est immediatement formé, dès la première nuit (vers 01h00) et les animaux se sont attachés par une sorte de "sécrétion" comme celle décrite par Karim Daoues. Cela en plus d'un amplexus axillaire (la femelle est cependant bien trop grosse pour être totalement enlassée par le mâle). Le couple a hélas "divorcé" au bout de quatre jours, sans reproduction.
Je ne connais pas du tout les résultats d'une éventuelle injection
d'hormones gonadotropes (comme celles utilisées avec les xenopes).
Voir la procédure suivie par Pierre-Yves concernant les Buffo
mauritanicus.
Cependant une telle intervention comporte toujours de grands risques
donc il fortement déconseillé de la tenter et cela
quel que soit son désir d'obtenir des reproductions.
Les têtards de microhylidés sont de « paisibles brouteurs » et donc ne nécessitent probablement pas d'être séparés (contrairement aux têtards de Ceratophrys qui sont de puissants carnassiers et qui doivent être séparés dés leur plus jeune âge si on veut avoir quelques survivants). Des paillettes aquariophiles à base de végétaux, réduites en poudre, devraient convenir.
Maladies
La seule maladie que j'ai rencontrée était due à
une mauvaise aération du bac. Sinon , je n'ai jamais rencontré
de problèmes de parasitisme ou autre. Cependant ces animaux peuvent
sûrement être sujet aux mêmes infections ou parasites
que leurs cousines.
Voir le chapitre plus général sur les maladies,
et en particuler la partie sur les parasites.
Liens
- Microhylidae (la famille à laquelle appartiennent les Kaloula)
- Asian painted frog
- Species caresheets
E-Mail de personnes maintenant des Kaloula pulchra :
- Gilles STORELLI (francophone)
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