HYPEROLIUS HIEROGLYPHICUS - Notes sur la maintenance et la reproduction
en captivité
par Martyn Pinto
Traduction
C.Cagé
Article originel, en Anglais. Le site
frogz.net, dont il est issu.
PHOTO 1: Une femelle adulte Hyperolius hieroglyphicus.
Elle diffère complètement dans sa coloration d'un mâle
(voir la PHOTO 2 ci-dessous) ou d'un juvénile (PHOTO 3)
Répartition et classification :
La famille des Hyperoliidae se trouve uniquement à Madagascar, en Afrique et aux
Seychelles. Il y a environs 300 espèces, réparties essentiellement en trois grands
genres : Hyperolius, Afrixalus et Leptopelis.
Les Hyperolius sont souvent appelées grenouilles des roseaux, à cause de leur
présence autour des étangs, lacs et fossés d'écoulements. Il y a au total un peu plus
de 100 espèces, d'une taille allant de plutôt petite à moyenne, toutes avec de
longues pattes de derrières.
Localisation et habitat :
H. hieroglyphicus est une espèce d'altitude, originaire
de l'est du Nigéria et des hautes terres de Bamenda, au
Cameroun. Beaucoup de spécimens semblent avoir été collectés
sur le plateau d'Obudu, à quelques 1500 M d'altitude.
Vivant dans la brousse, on peut entendre les mâles appeler depuis l'herbe ou les
buissons bas. Il n'y a pas vraiment de saisons sèches ou humides dans cette région.
Mais les brouillards et les averses y sont fréquentes toute l'année.
PHOTO 2: Un mâle adulte Hyperolius hieroglyphicus
Description :
Mâles : la coloration dorsale est d'un vert translucide et éclatant, avec 2 étroites
bandes vert-jaune, qui partent de devant les yeux et qui se continuent sur les cotés
du corps. Le ventre peut-être jaune pâle à blanc. Les mâles ont une poche vocale
blanche. Les pattes sont palmées et sont de la même coloration verte que le dessus
du corps, sauf le bout des doigts, larges et plats, terminés par des disques, qui est
rouge.
Femelles : elles sont généralement décrites comme ayant un dos noir, avec des
marques jaunes vermiculées. Cependant, j'ai pu noter des variations tirant vers le vert
à certains moments.
Les femelles ont également la capacité de faire varier la densité de ses motifs. Le
ventre est d'un magnifique orange lumineux. Le dessous des pattes, avec la palmure
et les doigts, est d'un rouge éclatant.
H. hieroglyphicus a une pupille horizontale au sein d'un iris doré. Tous les
Hyperoliidae ont une pupille horizontale - c'est une des façons les plus simples pour
les identifier, et les différencier des genres Afrixalus et Leptopelis.
Chant :
Le chant du mâle n'est pas très différent de celui d'un cricket. Aucun son n'a été
identifié comme étant produit par les femelles.
Taille :
Les mâles font 25 à 30 mm. Les femelles sont généralement un peu plus grosses,
soit environs 35 mm.
Maintenance :
Dix mâles et deux femelles ont été placées dans une "Eco House" (*) mesurant 51
cm x 23 cm x 36 cm. Bien qu'il n'y ait pas toujours d'obligation à avoir une forte
ventilation, ce terrarium est livré avec de nombreux petits trous. J'ai également décidé
d'enlever un bout de la cloison du fonds et un bout du couvercle, et de recouvrir les
orifices par un fin grillage. La principale raison pour utiliser ce type de bac, c'est qu'ils
sont légers, faciles à déplacer et à nettoyer, contrairement aux bacs en verre, plus
lourds.
La maintenance a été modifiée plus tard, et les grenouilles ont été déplacées vers un
terrarium plus grand et tout en verre, avec une ventilation à travers le fonds du bac.
Une importante pièce d'eau, faisant environs 13 cm de profondeur, a été installée.
Un tube fluorescent de 30cm est suspendu au couvercle pour fournir lumière et
chaleur pendant la journée. En plus de cela, il y a un petit tapis chauffant placé sur
une des parois, pour fournir un supplément de chaleur (c'est la seule source de
chaleur pendant la nuit). La température doit être maintenue entre 22 et 28 degrés
centigrade.
A l'intérieur du bac, il y a un certain nombre de plantes d'intérieur, comme les
Chlorophytum, Spathiphyllum et Aracenae, qui offrent aux grenouilles un grand
nombre de cachettes: Même si beaucoup d'entre elles aiment s'installer sur les
parois du bac, elles utilisent également les plantes pour y chanter pendant la nuit,
voir occasionnellement pendant la journée.
Je préfère ne pas utiliser de
substrat, et les plantes sont donc laissées dans leurs
pots. Cela permet également de les changer facilement. Une vieille bassine en
plastique sert de mare. Elle est remplie avec de l'eau fraîche. Quelques branches de
lierre factice suspendues dans l'eau permettent une sortie plus facile. Ont été
également incluses quelques branches de roseaux, qui permettent aux grillons tombés par
terre depuis le feuillage des plantes d'y remonter.
Nourriture :
Petits grillons, mouches, petites mites et leurs larves. Les grenouilles des roseaux
offrent à leurs gardiens de grandes démonstrations de toutes leurs tentatives pour
attraper leur nourriture. Et même si ces grenouilles sont plutôt nocturnes, elles
accepteront la nourriture apportée à n'importe quel moment.
PHOTO 3: Un juvénile d'Hyperolius hieroglyphicus
Reproduction :
En Août 1997, j'ai acquis 10 mâles et 2 femelles. Comme les mâles passaient leur
temps à appeler, la décision a été prise de maintenir un haut degré d'humidité et de
pulvériser de l'eau dans le terrarium au moins 2 fois par jour
(humidité=saison de la
reproduction - Note du traducteur). Les mâles appelaient presque constamment en
choeur, des feuilles près de l'eau jusqu'en haut des parois du bac. On les voyaient
souvent essayant de saisir une femelle, si l'une de celles-ci s'approchait. Mais leur
tentative était généralement infructueuse, la femelle bondissant pour se réfugier en
sécurité. Aucun amplexus n'a jamais été observé, et comme une vérification était
faite dans tout le terrarium tôt chaque matin et tard chaque soir, il en a été conclu A)
que l'amplexus était bref B) Qu'il se produisait probablement quelques heures après
l'extinction des lumières.
En début de matinée, le 26 Novembre, des oeufs ont été remarqués sur et autour les
feuilles de lierre artificiel dans la pièce d'eau. Ils avaient environs 2 mm, et avaient
une coloration noire. Après un comptage précis, il est apparu qu'il y en avait un peu
plus d'une centaine. Tous les oeufs ont été placés dans un petit container, pas plus
gros qu'un pot de yaourt, et une pompe à air a été rajoutée pour aérer l'eau.
Il n'y a pas eu de changement visible dans l'apparence des oeufs jusqu'au quatrième
jour, quand il est devenu visible qu'ils devenaient plus allongés. Au septième jour,
tous les oeufs ont éclos. Les jeunes têtards ont été gardés dans le même container,
avec des changements d'eau réguliers, pendant une période d'une semaine. Après,
ils ont été placés dans un petit aquarium en verre, rempli avec quelques cm d'eau.
Quelques plantes de bassin et une pompe à air ont été rajoutées au bac. Ni
substrat
ni filtre n'ont été utilisés, mais l'eau était changée presque chaque jour. La
température de l'eau était environ de 22 à 24 centigrades.
Elever les têtards :
Le nourrissage a lieu régulièrement, la nourriture étant généralement des flocons
ordinaires pour poissons tropicaux réduits en poudre (parfois avec un peu de poudre
de calcium mélangée) ou avec des larves de moucherons (**) - qu'on peut se procurer
dans des petits récipients dans les magasins d'aquariophilie du royaume unis.
Il est à noter que quand les têtards étaient nourris avec des flocons, l'eau devenait
plus rapidement souillée que quand ils étaient nourris avec des larves de
moucherons. Un éclairage était apporté dans la journée, surtout parceque les
animaux se trouvaient dans un coin sombre de la pièce. Les têtards ont grandis
rapidement, atteignant, du museau au bout de la queue une taille de 35 mm en peu
de temps. Le cannibalisme n'a pas été noté, mais si un têtard mourait et était laissé
dans l'eau, les autres le mangeait. Aussi, tous les accidents qui ont été notés ont
entraîné le retrait des cadavres de l'eau.
Le 23 Janvier, des jambes nettement apparentes ont été observées sur presque tous
les têtards. Il a fallu une semaine de plus pour qu'elles deviennent complètement
développées. Dans le même temps, la coloration des têtards changeait, une couleur
verdâtre apparaissant sur le dos et les pattes. Le premier signe des bandes
dorso-latérales pouvait être vu, ressemblant au marquage des mâles adultes. [Cela
pourrait-il signaler les mâles à un age aussi jeune ?]. A ce moment, le niveau de
l'eau a été abaissé, et quelques rochers et plates-formes flottantes de polystyrène on
été ajoutées, en prévision de la proche métamorphose.
Un couvercle grillagé a été également placé sur le bac, afin de stopper les évasions
de ceux qui émergeaient de l'eau. Seulement 8 jours plus tard, presque tous les
têtards avaient leurs pattes de devant, et les premières petites grenouilles sortaient
de l'eau.
Sur les 20 têtards que j'ai gardés (les autres ayant été distribué localement chez
d'autres amateurs), 17 sont finalement sortis de l'eau, et 3 sont mort sans raison
apparente. La queue a mis quelques jours pour être totalement résorbée. Toutes les
petites grenouilles ont pris l'apparence de mâles minuscules, aucune n'ayant la
coloration des femelles. Après avoir vérifié auprès de ceux qui avaient reçu des
têtards, il est apparu qu'ils avaient également eu un fort taux de métamorphoses
réussies, et que tous les individus obtenus avaient la coloration des mâles adultes.
Soit la coloration des femelles apparaît plus tard, soit certains facteurs, comme la
température de l'eau, ont affecté la détermination du sexe des têtards.
Les conditions d'élevage des petites grenouilles est exactement le même que celui
des adultes. Elles sont particulièrement sensibles à la désydratation tant qu'elles
sont jeunes. Une partie aquatique ne pose aucune problème, car ce sont de bons
nageurs. Bien qu'elles sachent grimper sur les parois du réservoir aquatique, c'est
une bonne idée de laisser des feuilles tremper dans l'eau, afin de les aider à en sortir
si nécessaire.
Dévelopements ultérieurs :
Une pompe avec un pulvérisateur a été ajoutée dans le bac des adultes, afin de créer
de fréquentes averses, habituellement tôt dans la matinée puis de nouveau pendant
la nuit. Néanmoins, il n'y avait pas de nouveaux signes d'un intérêt des femelles pour
une reproduction. Au début de mars 98, les mâles continuant à appeler, la pompe a
été complètement arrêtée.
Deux semaines après l'arrêt de la pompe, l'amplexus a été observé plusieurs matins.
Les oeufs ont été pondus tôt dans la matinée (7-8H) dans la mare principale, et
étaient attachés aux plantes aquatiques. Environs 100 oeufs ont été pondus.
Une semaine plus tard, la seconde femelle a pondu 150 oeufs, et une semaine plus
tard, la première femelle a pondu à nouveau, seulement 2 semaines après sa
première ponte. Peut de temps après la dernière ponte, une femelle est morte.
Peut-être que ces pontes continuelles l'avaient affaiblie physiquement ?
Trois ou 4 mois ont suivi sans pontes de la femelle restante, mais les mâles
appelaient continuellement, bien qu'il n'y ait pas de pluie dans le terrarium.
Malheureusement, la dernière femelle a alors été également perdue.
Les grenouilles de la première reproduction ont bien grandies, ayant maintenant 9
mois depuis le moment de leur première métamorphose. Plusieurs jeunes grenouilles
des pontes suivantes ont été conservés et se portent également bien. Au total,
environs 90 grenouilles ont survécues à la métamorphose, et cela a entraîné
quelques semaines stressantes.
Ratio mâles / femelles :
Le premier changement est survenu chez certaines des jeunes grenouilles du dernier
groupe, qui a 6 mois aujourd'hui, quand la coloration des femelles a commencé à
apparaître sur une des jeunes grenouilles. Les bandes des mâles pouvaient encore
être vues, mais le dos était maintenant recouvert d'un dessin de camouflage.
A ce jour, toutes les grenouilles de la première reproduction ont encore leur
coloration de mâles (c'étaient celles distribuées à d'autres amateurs). De façon
intéressante, tous n'ont pas aujourd'hui le sac vocal propre aux mâles. Peut-être un
changement climatique pourrait-il déclencher un changement en femelles ?
Tous ceux souhaitant me contacter peuvent le faire a joy%40ashvalepark.demon.co.uk
. S'il vous plait, identifier votre message clairement comme s'adressant à : Martyn -
Re: Frogs.
Références :
Schiotz, A. 1967. The Treefrogs (Rhacophoridae) of West Africa. Spolia Zoologica
Musi Hauniesrisis. #25.
Mattison. C. 1998. Frogs and Toads of the World Blandford Press.
Passmore and Carruthers, 1995. South African Frogs - a complete guide. Southern
books/witwatersrand University Press.
*ECO House: One of many - 'Annihouses' made by Living Designs.Victoria Road,
Wood Green. London N22 4XB. 0180 374 2511
**Gnat Larvae: Interpet. Dorking England. Rll4 3YX.