Un sondage CSA donne un "non" très composite, avec 43% d'électeur de droite (plus d'1/3 de ces 43% sont d'extrême droite), et 57% d'électeurs de gauche. Le "non de gauche" ne représente donc qu'une grosse moitié des partisans du non, malgré sa nette domination médiatique au sein du camp du "non".
77 % des électeurs du "non" regrettent le franc, indique un sondage IFOP pour l'hebdomadaire Valeurs actuelles du 17 juin
Un autre sondage, de Libération, publié mardi 31/05/05 sur les motivations des électeurs du "non" est intéressant, et 3 éléments en ressortent :
On note donc qu'environs les 2/3 des votants (sans doute la presque totalité du "non de droite", et donc une petite moitié du "non de gauche") sont hostiles aux étrangers, et indifférents ou hostiles à un nouveau traité.
Dans son projet de putsch interne au PS, Laurent Fabius ne s'y est pas trompé. Il a mené une campagne avec 2 thématiques normalement opposées :
Et il a rafistolé ces 2 thèmes opposés en expliquant que la fin du libéralisme (d'ailleurs prudemment non définie dans son contenu) permettrait une Europe fédérale ou les étrangers ne menaceraient plus le travail des Français.
Au final, si on en croit ce sondage, les pro-européens sont toujours solidement majoritaires en France : les 45% du "oui", et un tiers des "non".
Mais le mélange de thématiques anticapitalistes et pro-européennes a convaincu une bonne minorité de pro-européens de se rallier à la solide majorité de xénophobes anti-européens mise en lumière par le sondage cité ci-dessus.
Cette minorité pro-européenne a aujourd'hui une capacité d'action faible.
Elle refuse l'alliance avec les autres pro-européens, et elle est minoritaire dans le camps du "non". Au final, sa capacité à définir les
politiques Françaises (et encore moins européennes) est nul : 1/3 de 55%, cela ne fait toujours que 15 à 20%. Insuffisant pour être autonome.
Pour eux, c'est donc de fait un échec, identique à celui des partisans du
"oui".
En minorité dans le camp du non, d'après le sondage cité, ils ne sont que la force d'appoint des
euro-sceptiques. Un comble pour ceux qui se définissent volontiers comme fédéralistes.
Pour Fabius, cependant, cette tranche de l'électorat est utile à deux niveaux :
La cote de popularité de Fabius restant toujours assez basse, ses chances de devenir Président en 2007 semblent toujours faibles. En ce sens, sa stratégie "d'atomisation" de la gauche officielle sous prétexte d'enjeu européen risque d'être une impasse pour lui.
Mais pour ce qui est de marier les contraires en suscitant à la fois l'espoir de la gauche pro-européenne et les craintes de la gauche xénophobe et anti-européenne, l'homme a montré un vrai talent !
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Un sondage BVA pour libération du 06/06/05, réalisé auprès des électeurs socialistes, indique que Bertrand Delanoë, est la personnalité qui bénéficie du plus important crédit de confiance, devant Jack Lang (43%) et Lionel Jospin (35%). Laurent Fabius est dernier, avec 23%.
Le même sondage indique que Jospin serait le meilleur candidat en 2007 avec 31% des voix contre 19% à Dominique Strauss-Kahn, 13% à Jack Lang, et 12% à Laurent Fabius et François Hollande
Bien entendu, il s'agit de moyennes. Partisans du "oui" et du "non" ont des opinions divergentes.
Le "oui" n'a pas pu s'imposer dans les urnes, les dirigeants du
"non" n'ont pas su s'imposer, ni chez les militants, ni chez les
électeurs du PS.
Il n'y a pas de projets communs. Les haines et la volonté de vengeances ont
atteints des niveaux inégalés.
Personne n'est fort, tout le monde est affaibli.
C'est le plan "B". B comme Bordel.
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Félicitation (!) à la Gauche pour la victoire du "non" dimanche dernier.
Il va falloir qu'elle assume maintenant le plantage de l'Europe pour de nombreuses années.
La Gauche vient de dire "oui" au marché et "non" à l'Europe politique, car finalement les nouveautés de ce traité concernaient les institutions (partie I) et des moyens pour encadrer le marché de la partie III (clause sociale générale; définition des services publics...) par l'amélioration des traités existants (qui donc vont rester en vigueur durant très longtemps).
Les autres pays étaient réticents à ce projet de constitution, l'Europe économique leur convient très bien. Ils l'ont accepté parce que ce traité était soutenu par une dynamique franco-allemande qui souhaitait la création d'une Europe politique, une Europe-puissance qui exprime sa place et ses valeurs (partie II) dans le monde.
La Gauche, comme en 1954, vient de renoncer à l'Europe politique... Ne restera donc que l'Europe économique, celle construite par défaut à compter de 1957.
Nous venons de donner raison aux anglais, qui ne souhaitaient pas non plus une intégration politique, mais seulement une zone de libre échange.
C'est aussi une grande victoire pour les Etats-Unis de Georges BUSH. L'arrêt de la construction de l'Europe politique les arrange. Grâce au "non" de gauche français, ils vont pouvoir agrandir leur influence en Europe, notamment auprès des anciens pays de l'Est, que nous venons de précipiter dans les bras des USA.
La peur du "plombier polonais" a été, à juste titre, très mal ressentie chez nos voisins de l'Est. Et comme nous ne serons probablement pas capables dorénavant d'assurer une intégration politique de ces pays au sein d'un projet politique européen, les Etats-Unis développeront davantage de relations bi-latérales avec eux.
Finalement, en regardant autour de nous, on s'aperçoit que ceux qui sont vraiment ravis de la victoire du "non" en France sont :
C'est d'ailleurs parce que les Hollandais sont très réticents à une Europe politique forte vue comme "L'Etat supranational franco-allemand", qu'ils vont probablement voter "non" mercredi.
Pas de non de gauche chez eux, ni ailleurs au demeurant.
Chez eux, les forces du "non" sont essentiellement tirées par un parti populiste et une certaine forme de nationalisme.
Il a été dit, à Gauche, que le vote "non" créerait une dynamique pour une nouvelle Europe. Merci de me dire laquelle et merci de me faire passer une copie du plan B, tant promis.
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La France à votée "Non". D'après les sondages, environs 50% (de droite et de gauche) auraient votés pour moins d'Europe, et 50% (de gauche), pour plus d'Europe (en particulier sociale).
Evidement, ces 2 objectifs étant opposés, il y a forcément une moitié des votants "Non" qui viennent de se tirer une balle dans le pied, en favorisant leurs adversaires. Mais qui a perdu ?
Il faudra attendre un an ou deux pour le savoir. Mais vu la domination du non anti-européen sur le non pro-Européen en Europe, on peut déjà prendre les paris.
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Le non s'annonce probable. Que sera le jour d'après ? Pas en France, il en a déjà été question plus haut. Non, que ce passera t'il en Europe ? Le fameux plan B, quoi.
Hypothèse 1 : le non Français est suivi par beaucoup d'autres. C'est
l'espoir du "Non de gauche", qui attend alors une grande
renégociation sociale.
Espoir ridicule, bien sur. Le "Non de gauche" n'est majoritaire qu'en
France. Partout ailleurs (Pologne, Angleterre, Danemark, etc...), les gros
bataillons du Non sont de droite et anti-Européen. Aucune chance qu'ils
s'allient à la gauche de la gauche Française.
Si l'hypothèse 1 l'emporte, la dynamique sera souverainiste, et c'est l'arrêt
pour une durée indéterminée de la construction Européenne.
Hypothèse 2 : le non Français reste isolé. Vu le mode de
ratification parlementaire choisi par la plupart des pays, c'est relativement
probable. Dès lors, aucune renégociation de fonds du traité n'est
envisageable. On ne voit en effet pas la France imposer à ses 24 partenaires
d'abandonner le traité qu'ils viendront de voter.
Dans l'absolue, il y a quand même 4 possibilités :
Les hypothèses 2-3 et 2-4 sont peu probables. Restent l'Hypothèse 1 ou sa variante 2-2 (le blocage), et l'hypothèse 2-1 (le rabibochage sans gloire).
Espérons dans la variante 2-1. Mais en tout cas, le "plan B", ça fait pas rêver.
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La partie III serait le porte parole de l'Europe Libérale. Laurent Fabius a d'ailleurs déclaré que son retrait de la constitution était un point fondamental de son fameux "plan B".
Rappelons pourtant que c'est la gauche française qui a demandé à ce que les traités existants soient intégrés à la constitution.
Le 28 octobre 2002, Pervenche Béres, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen déclarait sur le sujet :
Ce texte ne sera qu'un document-vitrine si la partie III n'est pas en mesure de mettre en oeuvre un contenu fort et conforme aux attentes de nos concitoyens. Or le Président Giscard d'Estaing n'envisage pas de réouverture sur le fond des politiques communes... Cette approche minimaliste s'appuie sur une interprétation restrictive et erronée du mandat que le Conseil européen de Laeken a donné à la Convention lorsqu'il propose d'examiner "le développement futur de l'Union. Or le rapport des citoyens à l'Europe s'établira bien plus sur le contenu des politiques de l'Union que sur la forme de sa structure institutionnelle.
De fait, la partie III relative aux politiques et fonctionnement de l'Union consacre AUSSI les politiques sociales de l'Union. Quelques exemples pour s'en convaincre :
- article III-210 :
1. En vue de réaliser les objectifs visés à l'article III-209, l'Union soutient et complète l'action des Etats
membre dans les domaines suivants :
a) l'amélioration, en particulier, du milieu de travail pour protéger la santé et la sécurité des travailleurs ;
b) les conditions de travail ;
c) la sécurité social et la protection sociale des travailleurs ;
d) la protection des travailleurs en cas de résiliation du contrat de travail ;
e) l'information et la consultation des travailleurs ;
f) la représentation et la défense collective des intérêts des travailleurs et des employeurs, y compris la cogestion, sous réserve du paragraphe 6 ;
g) les conditions d'emploi des ressortissants des pays tiers se trouvant en séjour régulier sur le territoire de l'Union ;
h) l'intégration des personnes exclues du marché du travail, sans
préjudice de l'article III-283 ;
i) l'égalité entre femmes et hommes en ce qui concerne leurs chance sur
le marché du travail et le traitement dans le travail ;
j) la lutte contre l'exclusion sociale ;
k) la modernisation des systèmes de protection sociale, sans préjudice du point c).
- article III-214 :
1. Chaque Etat membre assure l'application du principe de l'égalité des rémunérations entre travailleurs féminins et masculins pour un même travail ou un travail de même valeur.
[...] L'égalité de rémunération, sans discrimination fondée sur le sexe, implique :
a) que la rémunération accordée pour un même travail payé à la tâche soit établie sur la base d'une même unité de mesure ;
b) que la rémunération accordée pour un travail payé au temps soit la même pour un même poste de travail.
- article III-219 :
1. Afin d'améliorer les possibilités d'emploi des travailleurs dans le marché intérieur et de contribuer ainsi au
relèvement du niveau de vie, il est institué un Fonds social européen, qui vise à promouvoir à l'intérieur de l'Union les facilités d'emploi et la mobilité géographique et professionnelle des travailleurs, ainsi qu'à faciliter
l'adaptation aux mutations industrielles et à l'évolution des systèmes de production, notamment par la formation et la reconversion
professionnelles.
C'est cela dont on nous dit qu'il est un carcan ultra-libérale dont il faut impérieusement se débarrasser.
(source : www.ouidegauche.com)
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Après 50 ans de barbarie et de guerre, la seconde moitié du 20ième siècle a été marquée par trois évolutions fondamentales qui ont changé la face du monde :
La conjonction de ces trois facteurs fait qu'aujourd'hui, à l'aube du XXI ième siècle, se pose enfin, la question des modalités d'unification d'un continent européen, après deux guerres mondiales, 50 millions de victimes et une séparation par un rideau de fer de 45 ans.
Car la donne n'est plus la même, l'Europe d'aujourd'hui, et surtout celle que nous avons à bâtir demain, n'est plus ce « club des 6 », sorte de nostalgie de l'empire carolingien, mais une Union de 25 puis de 27 pays.
L'union européenne acquière dorénavant une dimension continentale.
Et la question qui nous est posée aujourd'hui, à travers le traité constitutionnel est celle là : comment réaliser ce projet d'unification politique d'un continent tout entier ; avec quelles valeurs, quelles institutions, quelles politiques communes ? (...lire la suite)
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Votez "oui", et vous aurez la misère, le chômage, la fin des services publics, la mort de la France.
Votez "non", et ce sera la crise économique, le chômage, l'affaiblissement de la France.
Conclusion : "oui" ou "non", on va tous mourir !
Le oui ou le non auront évidement des conséquences, et le non probablement des conséquences plus malheureuses que le oui. Mais n'écoutez pas le parti de la peur, quel que soit son camp.
La constitution renforcera les pouvoirs du parlement européen, et pas grand chose d'autre. Ce qui est déjà beaucoup. Votez pour ou contre cela. Ne vous laissez pas abuser.
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Mais pourquoi diable Jacques Chirac a t'il décidé de demander ce référendum
si risqué ?
C'est la complainte des partisans du oui.
Pourtant, disent-ils, Chirac se souvenait forcément de l'épisode malheureux de la dissolution de 1997, et
du résultat plutôt médiocre de son référendum sur le quinquennat.
Effectivement, le référendum ne semble pas renforcer Chirac. Si le oui perd, il en sera forcément comptable. Et si le oui gagne, cela sera sans doute une victoire étriquée.
Mais il y a peut-être une raison au choix de la ratification référendaire par Jacques Chirac. C'est que le référendum le renforce. Indirectement, certes, mais puissamment.
D'abord en divisant en profondeur la Gauche.
Gauche Mouvementiste et Alter-Mondialiste contre Gauche de gouvernement, mais aussi belle foire
d'empoigne au sein de cette dernière, ou les haines atteignent des sommets inégalés depuis le congrès de Rennes, il y a 15 ans.
Ensuite en coulant les principaux présidentiables de gauche :
- Hollande est ouvertement contesté au sein de son propre camps pour son incapacité à empêcher l'explosion du parti.
- Jospin sera frappé au coeur par une défaite du oui, lui qui s'est engagé en sa faveur.
- Fabius est trop à droite pour la gauche de la gauche (plutôt pour le non), et est vomit par les partisans du oui, qui l'accusent de trahison, de
xénophobie, de détruire le PS, de ne penser qu'à ses ambitions, etc...
Au final, si le oui l'emporte, la gauche préservera cahin-caha son unité, le vote des électeurs confirmant le vote des militants en faveur de la Constitution. Mais la gauche sera terriblement affaiblit en 2007. Les affrontements actuels ne seront pas facilement oubliés.
Si le non l'emporte, les actuelles directions des verts et du PS seront dévastées, et aucun présidentiable évident ne se dégage aujourd'hui pour assurer la relève.
Chirac est donc déjà le grand et le seul gagnant du référendum, surtout si le Non gagne. Non pas tellement que le référendum l'aura renforcé, mais il aura atomisé ses adversaires de gauche.
Alors, le référendum, ruse machiavélique de Chirac, ou simple opportunité tombée du ciel par la grâce de St Fabius et de St
Emmanuelli ?
Difficile à dire. Mais le résultat est là.
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Si on en croit les déclarations des uns et des autres, il y a au moins un consensus entre partisans du oui et du non : le libéralisme, voilà l'ennemi.
Pour Chirac, la constitution est la meilleure garante contre le libéralisme. Pour de Villier, elle fait le jeux du libéralisme. Ne parlons pas de ce qui se dit à gauche : la même chose.
Tout le monde est ainsi anti-libéral.
Mais personne n'est anti-capitaliste
(sauf à l'extrême-gauche). Disons-le, Fabius, Chirac et de Villier en
collectivistes, c'est assez peu crédible.
Donc, concrètement, qu'est-ce que cet anti-libéralisme qui les regroupent tous ?
Quand un même slogan sert à faire voter oui ou non, selon les orateurs, c'est qu'il est creux et sans contenu. Au final, l'anti-libéralisme des un et des autres n'est que cela : un slogan. Ni Fabius, ni Chirac ne rêvent de la fin du libéralisme politique, ni l'un ni l'autre ne rêvent de la fin du capitalisme.
Ne votez pas oui ou non dans l'espoir du grand soir anti-capitaliste.
La constitution changera les pouvoirs du parlement européen, et pas grand chose
d'autre. Ce qui est déjà beaucoup. Votez pour ou contre cela. Ne vous laissez pas abuser.
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Les deux nouveautés du projet de traité constitutionnel sont institutionnelles et sociales (la charte des droits fondamentaux). La troisième partie, économique, sera identique quelque soit le résultat.
Vu de gauche, les deux premières parties sont des avancées à prendre et il est étonnant qu'une partie de la Gauche soit si virulente contre ce texte et les refuses. Ou peut-être faut-il y voir des arrières pensées politiques... :
- L'extrême gauche ne se nourrit que de la crise : on peut lui proposer n'importe quel texte, elle votera toujours non.
- Emmanuelli veut casser le PS en deux, pour reconstituer un pôle plus à gauche autour de lui. Il faut comprendre que lors du congrès de Dijon, après la défaite du 21
avril 2002, il pensait prendre la majorité du parti en surfant sur la vague de mécontentement. Le vote des militants a été une grosse déception pour lui. Cela fait deux ans qu'il ne cesse de vouloir refaire le congrès par tous les moyens.
C'est lui et Mélenchon qui ont les premiers réclamé un référendum interne, pour encore et encore se recompter et refaire le congrès où ils espéraient prendre le pouvoir.
Echec.
Ils essayent maintenant de faire une troisième manche, en s'affichant publiquement avec
l'extrême gauche. Au cas où le non passe au référendum, cela affaiblirait Hollande et il y aurait un congrès extraordinaire et.. etc, etc.... Ne respectant pas le vote claire (60 %) des militants du PS,
leur unique objectif est de casser le PS.
- Fabius est dévoré par son ambition présidentielle : dire non, c'était le seul moyen pour lui de se démarquer de Hollande qui, en tant que premier secrétaire, a un poste médiatiquement plus en vue, et une légitimité interne certaine. Il applique la technique Mitterrandienne : prendre le parti par la gauche et gagner les élections par le centre. Mais il s'est planté de sujet et d'alliés. Le but d'Emmanuelli n'est pas celui de Fabius, et d'ailleurs, il refuse de faire campagne commune avec ce dernier : étrange pour des gens qui avancent pourtant les même arguments...
- Quant aux verts, c'est un peu comme le PS, leurs minorités tentent de rejouer leur congrès, leur référendum.
Hélas, on est loin de la question européenne.....
Seul le PC est cohérent : il a toujours été contre l'Europe, et il continue. C'est vrai qu'on ne peut pas lui reprocher son inconstance sur ce point.
Il est regrettable que l'Europe soit l'otage d'arrières pensées politiques et
présidentielles... où les enjeux internes d'un parti et un destin présidentiel dominent la question posée :
acceptons-nous d'avancer davantage dans l'Europe politique, dans la construction d'une entité commune de valeurs (civilisation), où des peuples et des
états, par étape, lient davantage leur destin, et s'affirment comme un modèle
devant le monde ?
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On comprend bien le non des Eurosceptiques, de gauche comme de droite : ils sont contre la construction Européenne.
On comprend bien le non d'extrême gauche : de 1957 à 2005, l'extrème-gauche et les communistes ont toujours été hostiles à l'Europe, en tant qu'institution capitaliste. Que ce capitalisme soit plutôt ultra-libéral, plutôt centriste ou plutôt social-démocrate ne les intéresse pas (d'ou l'opposition de l'extrême gauche à la taxe Tobin, chère à ATTAC).
On comprend moins le non socialiste. Celui de Fabius, en particulier.
Voilà un politique qui a été pour l'Acte Unique, pour
Maastricht, ...
La Constitution Européenne (troisième partie) ne modifie rien, ne rajoute rien et ne retranche
rien à la partie économique de ces traités. Elle renforce par contre les
politiques, en particulier le parlement Européen.
Pourtant, Laurent Fabius rejette ce renforcement, au nom... du renforcement nécessaire
de l'Europe, et rejette un fonctionnement du marché commun... qu'il avait
soutenu jusqu'alors.
Bref, il est contre la partie 3, qu'il a largement contribué à mettre en
place.
Deux hypothèses :
- Laurent Fabius a changé en profondeur, et est passé du centre-gauche à l'aile gauche du parti socialiste.
- Laurent Fabius utilise le référendum pour faire un putsch au sein du PS.
Comme rien ne milite sérieusement en faveur de la 1er
hypothèse, la seconde devient assez crédible.
Laurent Fabius a bien intégré 2 leçons : celle de Chirac et celle de Mitterrand.
Laurent Fabius a toujours été le mal aimé du PS, entre autre parce qu'il n'a jamais eu un thème de gauche mobilisateur à son service.
Il pense l'avoir trouvé : l'Europe Sociale. Et reste en même temps bien identifié au centre.
Reste à se débarrasser de la direction actuelle du PS. Le référendum fera l'affaire.
Laurent Fabius a 60 ans, et il sait qu'il joue quitte ou double s'il veut devenir le chef de la gauche, et le président en 2007. Il lui faut balayer l'actuelle direction socialiste, et se trouver un thème de gauche mobilisateur. Et assez vite.
Le référendum lui permet de faire d'une pierre deux coups.
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Les partisans du non ne se répartissent pas tant entre "non de gauche" et "non de droite", qu'entre un "non à l'Europe" souverainiste (Chevènementistes, Front National, Villiéristes) et un "oui à plus d'Europe" (Emmanuelistes, Fabiusiens).
Unis dans le non, les opposants à la constitution ne le sont pas sur le lendemain du "non" éventuel.
Les 1er souhaitent que la France se retire (totalement ou partiellement) de l'Union Européenne.
Les seconds souhaitent renégocier le traité pour aller encore plus loin dans l'Union, socialement, économiquement et politiquement.
Il a déjà été question de cette théorie de la "crise salutaire", qui rejette la Constitution pour en obtenir une autre encore plus poussée.
Disons-le clairement : c'est un mirage, pour au moins 4 raisons.
1. Les droits de vote.
Beaucoup de pays ont acceptés la constitution après un forcing Franco-Allemand (surtout Français), mais sans enthousiasme. Les petits
pays, en particulier, ont du accepter un ré-équilibrage démocratique au profit des pays avec le plus de population. La France passe ainsi de 9% de
droits de vote au traité de Nice (très favorable aux petits pays) à 13% dans la nouvelle architectures.
Pourquoi les "perdants" de la constitution devraient-il accepter de se mettre en quatre pour faire plaisir à des
Français qui ont demandé puis rejeté la Constitution, alors que ce rejet renforce leur pouvoir au sein
de l'Union ?
2. Le Social.
Beaucoup de pays, en particulier à l'Est, mais aussi l'Angleterre, jugent que la constitution va déjà trop loin. Pourquoi accepterait-il de faire des
concessions face à un gouvernement Français affaiblis ?
3. L'absence de rapport de force clair au sein du "non".
Le "non" réuni des eurosceptiques de gauche, des eurosceptiques de droite, des
pro-européens de gauche, et des gens qui votent d'abord contre le gouvernement. Ce non est tellement composite qu'on ne voit pas quoi
re-négocier, et au non de qui. Par exemple, le "non de gauche", d'après les sondages, semble ne peser qu'un tiers de
l'électorat, et lui même est diversifié entre eurosceptiques et pro-européens.
Au non de quel "non" le gouvernement Chirac renégociera t'il ?
4. L'affaiblissement du gouvernement
Il est assez contradictoire d'expliquer que voter non c'est aussi affaiblir
Chirac, et affirmer dans le même temps qu'une fois affaiblit, le gouvernement
Français sera plus fort pour imposer à l'Europe la politique de ses
opposants.
Le 29 Mai, le fragile compromis de la Constitution Européenne sera rejeté ou accepté. Mais il n'y aura pas de deuxième tour.
L'histoire ne repassera pas les plats.
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En 1983, François Mitterrand a fait avaler à la gauche la pilule amère de la rigueur, en expliquant que c'était la faute à l'Europe. Beau début d'un discours plutôt lâche qui dure depuis 20 ans, à gauche comme à droite.
Conscient que cela était destructeur pour les engagements Européens du PS, celui-ci a alors commencé à demander une "Europe sociale", jamais définie clairement, mais qui devait permettre d'éviter la répétition de 1983. Son absence excusait donc 1983.
Mais le diable est sorti de sa boite, et ce qui était au départ un slogan, permettant de faire porter le chapeau de la rigueur à l'Europe tout en affirmant qu'on restait pro-Européen, a fini par échapper à ses créateurs. Aujourd'hui, le non de gauche se veut motivé par la demande de plus d'Europe (c'est la théorie de la "crise salutaire" dont-il était question hier) et par la demande d'une "Europe Sociale", d'ailleurs mal définie.
L'Europe Sociale, ce serait quoi ? On peut supposer que le parlement Européen devra animer la protection sociale. Donc une Sécurité Sociale, un Assedic, une politique de retraite, d'aides au logement, etc... décidés à Bruxelles ou a Strasbourg. Donc si une majorité de droite est élue, on pourra obliger la France à baisser sa protection sociale. Donc si une majorité de gauche est élue, on pourra imposer à ceux qui n'en veulent pas les politiques "à la Française".
Rappelons que l'Europe est aussi basée sur le principe de subsidiarité (rappelé au début de la Constitution Européenne) : l'Europe ne gère que les affaires communes (monnaie, commerce extérieur, diplomatie,...), pas les affaires intérieures des états.
Si l'Europe sociale cesse d'être un slogan, ses partisans actuels seront les premiers à descendre dans la rue, pour refuser les "diktats de Bruxelles".
Pourquoi devrions nous imposer notre vision de la protection sociale aux autres Européens, ou pourquoi ceux-ci devraient-il nous imposer la leur ? Quel est l'apport de l'Europe sur ces plans ?
L'Europe sociale, c'est un slogan. Le social est du ressort des états. Non à l'Europe Sociale !
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En 1933, le Parti Communiste Allemand refusait de s'allier à la gauche et à la droite démocratique (qui ne voulaient d'ailleurs pas forcément de cette alliance) pour empêcher l'accession au pouvoir du Nazisme. La victoire de celui-ci poussait au maximum, était-il expliqué, les contradictions internes du capitalisme. La victoire du Nazisme affirmait clairement l'opposition du capitalisme et de la liberté, et annonçait donc le succès inéluctable de la révolution.
Les partisans du non de gauche n'ont rien à voir avec la progression de l'extrême droite. Mais chez les héritiers de Marx, on parle toujours autant de pousser les contradictions d'un système pour en provoquer la chute. On appel cela la "dialectique révolutionnaire".
Aujourd'hui, ceux qui veulent plus de politiques Européennes et moins de marché expliquent qu'il faut rejeter la constitution.
Ce qui empêchera de renforcer le parlement (donc les politiques Européennes) et laissera le fonctionnement du Marché Commun identique à
aujourd'hui. Contradictoire ? Evidemment.
C'est là qu'intervient la "dialectique révolutionnaire", rebaptisée "crise salutaire" (ça fait quand même moins marxiste-léniniste).
La "crise salutaire" consiste à laisser le marché en l'état, et à diminuer
l'influence des électeurs dans les décisions (par rapport à ce qui est apporté par la constitution).
Dès lors, les peuples Européens, ne supportant plus la situation actuelle, demanderons à aller encore plus loin que ce qui aura été refusé juste
avant.
La "crise salutaire" permettra donc une nouvelle constitution renforçant encore plus le pouvoir du parlement, lequel assurera une meilleure régulation du marché.
Bref, il faut voter contre la constitution pour avoir plus de constitution. Lumineux non ?
Et quand on se souvient du brillant succès de 1933, on peut toujours espérer.
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Le 21 avril 2002, la gauche française avait cédé à force de division sa place au 2ièm tour de l'élection présidentiel au Front National.
L'événement est resté un traumatisme pour beaucoup d'électeur de gauche, mais personne à gauche n'avait voulu cela.
Les candidats du 1er tour envisageaient de défendre leur identité avant le rassemblement du second tour. Ils ne rêvaient pas d'un Chirac à
82%.
Le 21 Avril était une erreur involontaire.
Il aura quand même fallut 2 ans à la gauche pour obtenir une convalescence, avec le succès des régionales de 2004.
Le 29 Mai 2005 risque de ne pas ressembler au 21 Avril 2005.
Les Socialistes et les Verts ont votés par référendum interne le soutien à la constitution.
Leurs dirigeants se sont majoritairement engagés pour le oui.
Cette fois, la volonté de faire perdre les dirigeants des principaux partis de gouvernement à gauche (Verts et PS) est assumée par leurs opposants.
Cette fois, personne ne parle d'un rassemblement au 2ième tour.
Projetons nous au soir du 29 Mai 2005.
Si le oui l'emporte, les rancoeurs resterons fortes, et les partis divisés.
Mais après le choix des militants, la confirmation du oui par les électeurs confortera les directions en place.
La crise est contenue, et la préparation de 2007 peut reprendre.
Mais si le non l'emporte, avec un non de gauche à 60%, comme lors des derniers sondages ?
Les électeurs de gauche auront votés massivement contre les actuelles directions des Verts et du PS, et contre le souhait européen de la majorité
des militants de ces 2 partis.
Les partis explosent. Les directions sont délégitimées. Au PS, les principaux présidentiables, déclarés ou potentiels, Hollande, Jack Lang,
Jospin ou Strauss-Kahn sont terriblement affaiblis.
Ceux qui peuvent se targuer du soutien des électeurs de gauche sont boostés. Communistes,
trotskistes, Chevènementistes, opposition interne au PS, tous se veulent les nouveaux dirigeants d'une gauche en décombre.
Mais ceux qui ont obtenus la confiance de leurs militants, les partisans du oui, essaient de survivre en affirmant leur légitimité politique contre les
"traîtres" qui ont refusés d'accepter le choix des militants.
Légitimité des électeurs de gauche contre légitimité des militants de gauche, aucune victoire claire n'est possible, sur fonds de rancoeurs et de division.
En 2007, la gauche présente une kyrielle de candidats. Les candidats communistes ou trotskistes n'ont pas la moindre chance au deuxième tour. Fabius est le présidentiable évident du non socialiste, mais il n'est guère populaire dans le pays. Hollande, Jack Lang, Jospin ou Strauss-Kahn sont plombés par le désaveu des électeurs.
La droite, elle, est également affaiblie, mais elle reste unie. Au dernier sondage, 80%des électeurs UMP s'apprêtaient à voter oui. La défaite est causée par les électeurs de la gauche et de l'extrême droite. Son fonds de commerce n'est donc pas atteint. En 2007, elle n'a pas ce passif à gérer.
2005, ou le suicide de la gauche Française.
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La constitution a 3 parties fondamentales :
La partie 3 reprend les traités existants, sans les modifier (traité de 57, acte unique, Maastricht,...). Adopté ou rejeté, le référendum n'aura aucune influence sur elle, puisque les traités précédents restent valable. C'est qu'en fait la partie 3 n'est qu'une sorte d'annexe, unifiant et simplifiant un accumulation de traités qui dure depuis 50 ans, mais sans les modifier.
La partie 2 est importante, mais elle aussi date d'un traité précédent, celui de Nice (en 2000). Elle reste valable quoi qu'il en soit.
Au final, seule la partie 1 (une soixantaine d'articles) est réellement soumise à référendum.
Le rejet du traité maintiendra l'organisation du marché unique en l'état, mais maintiendra le parlement Européen et les électeurs qu'il représente en état de faiblesse.
La (gauche de la) gauche Française vote oui au marché unique, et non au renforcement du parlement. Ou quand les héritiers de Marx font le travail des libéraux : plus de pouvoir au marché, moins aux élus. Amusant, non ?
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La constitution a été élaborée par des représentants de tous les pays européens, des parlements nationaux, du parlement européen.
Elle représente un compromis entre gauche et droite, et entre les pays membres de l'Union Européenne.
Au cours de la campagne référendaire, les tenants du non ont multipliés les arguments malhonnêtes, plutôt que d'affirmer clairement leur opposition à la construction Européenne.
Le "non de droite" invoque le déferlement de hordes de Turcs musulmans sur l'Europe en cas de oui à la constitution. Pourtant, la constitution ne change rien à cette question :
VOTER OUI OU NON A LA CONSTITUTION EN FONCTION DE LA TURQUIE C'EST VOTER POUR RIEN : CE N'EST PAS LA QUESTION POSEE - CELA N'AURA DONC AUCUNE INFLUENCE SUR LE SUJET.
Le "non de gauche" invoque le déferlement de patrons ultra-libéraux démantelant les services publics. Pourtant, la constitution ne change rien à ces questions :
VOTER OUI OU NON A LA CONSTITUTION EN FONCTION DU RAPPORT AU CAPITALISME C'EST VOTER POUR RIEN : CE N'EST PAS LA QUESTION POSEE - CELA N'AURA DONC AUCUNE INFLUENCE SUR LE SUJET.
La constitution vise à 3 objectifs :
Si vous êtes contre l'Europe, pour le nationalisme égoïste, pour des élus du peuple faibles face aux multinationales, faibles face à la Commission Européenne, faibles face aux Etats-Unis, votez non à la constitution.
Si vous êtes pour la charte des droits fondamentaux, si vous êtes pour un Parlement Européen représentant les peuples de l'Union plus fort, si vous êtes pour la construction Européenne, VOTEZ POUR LA CONSTITUTION.
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